
Nous sommes des êtres de dualité. Normal, on vit entre la naissance et la mort. Du corps du moins car on dit que l’âme ne fait qu’y passer. On nait et on meurt. Et entre les deux, on vit, du mieux que l’on peut. Ou on survit, de peine et de misère, c’est selon. Ou un peu des deux. Vivement plus de l’un que de l’autre.
On vit dans un corps, séparé.e des autres. Même si on vit tous et toutes dans le même monde partagé, que certains se partagent plus que d’autres, on vit aussi chacun.e dans nos propres petits mondes séparés, dans un monde différent du monde des autres. Me, myself and I, chacun.e dans son monde. Plein de monde, vivant dans plein de petits mondes, au sein du même grand monde.
Le monde est mondes. Comme disait ma mamma à moi, ça prend toutes sortes de mondes pour faire un monde.
Et avec la numérisation récente de notre monde, cette distinction, cette scission entre les divers mondes est encore plus prononcée qu’auparavant. Un monde de paravents.
Selon nos sources, chacun.e se crée son propre monde, et nos mondes varient les uns des autres. Et le monde shire, et se déchire.
Selon nos sources, nos mondes s’opposent et se confrontent, ou nos mondes se collent, se décollent et se racollent. Les diverses réalités s’éclatent, s’attachent, se déchirent ou s’attirent.
Les sens uniques ont disparu. Chacun.e son sens désormais. Et le sens de l’un.e est devenu le non-sens de l’autre. Sensationnel.
Avant, avec la religion qui prédominait, on divisait le monde entre le bien et le mal. Mais désormais, on dirait que le bien et le mal ont disparu et le bien de l’un.e est le mal de l’autre. Et vice et versa. Bien mal partis sommes-nous. Certains gros bonnets veulent notre bien et ils vont tout faire pour l’avoir. Mais ils n’auront jamais notre coeur, ni notre âme, que ce que l’on peut perdre.
Quand on regarde en dehors de soi, tout ne fait pas sens, loin de là. En fait, rien ne fait sens. Du moins, plein de choses dans notre monde ne font pas sens. Un méga monde rempli de non-sens. No non-sens approach.
Depuis que nous vivons par écrans interposés – surtout, plus qu’avant, beaucoup et beaucoup trop ou même seulement et uniquement – nous vivons tous et toutes dans nos mondes imaginaires, dans nos têtes, dans nos postes de commande. Et même que la plupart de ce que l’on voit n’est même plus vrai. Fake news et irréalité virtuelle. La vie est truquée. Nous avons quitté nos corps pour vivre dans des univers parallèles mais pas toujours droits.
Alors justement, peut-être que pour retrouver le sens de la vie, il nous faut revenir à nos 5 sens qui font qu’on est en vie : voir, entendre, sentir, goûter, toucher.
Voir ce qui est, les yeux ouverts et sans filtres, mais aussi fermés et à l’écoute du monde intérieur.
Écouter, pour entendre vraiment. Cette petite voix qui chuchote, qui guide, qui dit. Qui dit qui dit. Où mettre le prochain pas, faire ce que doit, ce qui est juste.
Sentir, autant avec le nez, qu’avec toute notre peau, notre plus grand organe, mais aussi avec l’intuition, cette petite voix qui écoute et chuchote.
Goûter, avec la bouche, mais aussi avec tout le reste de notre être. Goûter la vie au complet, le beau comme le laid, le génie comme la folie, et tout ce qu’il y a in between. Le sens comme le non-sens. Le oui comme le non. Et surtout le maybe baby.
Toucher, avec les mains, mais aussi avec le coeur. Fouler la terre avec ses pieds, nus, sensibles, branchés sur la source. Bientôt anyway. Et se laisser toucher par la vie, par les autres êtres vivants. À nos risques pas puérils.
Mais peut-être que le sens minimal qu’on peut donner à la vie, tel que le dit Georges Eliot, c’est tout simplement de se rendre la vie moins difficile les un.e.s. les autres ?

Et peut-être qu’ainsi, on pourra bien vivre, du moins, mieux vivre.
Avec ou sans sens. Sensationnel.
