SENTIER DÉ CONSTRUCTION

Le chemin spirituel ne constitue pas une carrière ni une histoire à succès. Au contraire, c’est davantage une série de petites humiliations du votre faux moi qui s’approfondissent de plus en plus. – Carl Jung

On revient du Brésil. Encore une fois. On y vécu quelque chose de fort, de puissant, d’aimant.

Je dis quelque chose car bien difficile de définir toute expérience semblable, et encore plus, de la mettre en mots. En fait, souvent je me demande s’il faut vraiment la mettre en mots. Mais on dirait que oui encore pour le moment.

Ça fait des années que je fais ce genre de choses, des expériences que l’on qualifie parfois de spirituelles ou de religieuses (dans le sens latin du terme, soit celui de se relier avec le divin, avec plus grand que soi).

Et de plus en plus, je semble savoir de moins en moins. Genre

Je pense sincèrement que le but de la chose en question – quelle que soit la chose – consiste tout simplement à se dénuder, à se stripper graduellement de petits pans de notre personnalité, et de retirer les couches de prétendus savoirs, de croyances et de connaissances qui nous constituent, qui nous font. Du moins qu’on pense qui nous constituent et nous font. Ron Ron Ron petits pataplon.

Parfois, nous sommes persuadée.s. qu’on doive accumuler les connaissances et les expériences pour atteindre quelque chose, un état quelconque, ailleurs, là-bas, plus haut, plus loin. Qu’on doive comprendre les théories et découvrir les grands mystères de la vie. Mais tant de choses à découvrir out there. Trop. Et on fait souvent le tour du monde pour revenir tout simplement ici, à soi.

Au fond, de plus en plus, je pense que tout est pas mal plus simple que ça. En fait, tout devient de plus en plus simple avec le temps quand on laisse aller, quand on accepte qu’on ne sait pas, ce qui est, même accepter que parfois on n’accepte pas. Pas tout de suite du moins.

On vient de rencontrer certaines des personnes les plus simples que j’ai rencontrées dans ma vie. Les ami.e.s. de Céu Sagrado, comme ceux et celles de plusieurs autres églises satellites qui y passent lors de ce rituel du feitio. Pas des grand.e.s savant.e.s, ni intellos, ni académicien.ne.s. Quoi qu’il y en ait aussi. Mais la simplicité nous rassemble par-dessus tout.

Des gens de coeur, d’une grande simplicité, d’une toute simple et ordinaire humilité, pas celle qui se veut la plus humble au monde. Des gens empreints d’une sincère joie de vivre, d’une joie qui constitue la réelle fleur de tout travail spirituel. Car on a beau dire, c’est au quotidien que se reflète le vrai travail.

Des gens qui travaillent dans un but commun, que ce soit jouer de la musique, battre des vignes, laver des feuilles, diriger une église, préparer les repas pour ceux et celles qui travaillent à brasser le thé Daime, comme nettoyer les toilettes. Tout travail est de la même nature. Extra ordinaire. Divinement ordinaire.

Le travail spirituel n’implique pas l’acquisition de quoi que ce soit, ni l’atteinte d’un ailleurs meilleur où aller. Au contraire. On doit perdre toute certitude pour retrouver cette innocence d’enfant qui était en nous avant qu’on ne fasse quoi que ce soit, se délester de nos connaissances. Cette simplicité d’être qui était en nous avant que l’on pense savoir quoi que ce soit, avant que l’on ne devienne quelqu’un.

Dans le Santo Daime, on appelle travaux les cérémonies auxquelles on prend part. Mais au fond, tout dans la vie est travail. Job de bras et surtout job de coeur. Les compréhensions induites par le sacrement au cours des rituels, comme les réflexions de soi, à-propos de soi, mais, surtout, peut-être encore plus, toutes les actions du quotidien, les simples tâches courantes de la vie de tous les jours au retour.

Car là que se situe le vrai terrain de pratique. Tout travail spirituel est une pratique continue, en corps, encore et encore, un but sans fin. Le chemin est le but.

Rappelle-toi, la vie est un miroir à deux faces. Comment quelqu’un agit envers toi constitue une réflection de lui/elle-même et la façon dont tu réagis une réflexion de toi-même. Regarde de près.

Répondre peut-être plutôt que réagir.

Au retour des mes premiers voyages, de mes premiers trips, je vivais souvent une descente relativement difficile à vivre, à accepter, une sorte de down. Car comme on dit, tout ce qui monte redescend.

Au fil des ans, je peux apprivoiser avec plus d’aisance et d’acceptation cette inévitable descente dans l’ordinarité du quotidien car je la sais inévitable et, surtout, incontournable. Elle doit se vivre. Comme l’est toute expérience d’élévation et de légèreté car l’un de va pas sans l’autre, aucune lumière ne vient pas sa part d’ombre. Et

Être fort.e, mais aussi sincère, réaliste et vouloir se voir, lumière comme ombre.

Dans le blanc des cieux.

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L’humilité est le symbole de la noblesse.
– Maître-Conseiller Luiz Mendes, fondateur de la lignée CEFLI du Santo Daime

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Ne cherchez pas la paix.
Ne cherchez pas un état autre que celui dans lequel vous êtes maintenant, sinon vous instaurez un conflit interne et une résistance inconsciente.
Pardonnez-vous de ne pas être en paix.
Dès que vous acceptez pleinement votre non-paix, votre non-paix se transforme en paix.
Tout ce que vous acceptez pleinement vous y emmènera, vous emmènera en paix.
C’est le miracle de la capitulation.

– Eckhart Tolle

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