BLANCS ET SI LENTS CIEUX

Que de bruit en ce bas monde ces temps-ci. Une tempête de bruit. Ça caquette comme des poules pas de tête dans toutes les directions. Peur, colère et espoirs hésitants exprimés sous diverses formes. Avec différents maux.

La fin du monde et le déclin de l’Empire d’un bord, le début d’un nouvel Âge d’or de l’autre. Great again et swing la bacaisse.

Et entre les deux, beaucoup beaucoup de bla bla. Au nom de la vérité.

Et hier tout à coup, woush ! Le bruit ambiant a été enseveli sous la neige.

Un doux et lourd tapis blanc qui a fermé le clapet de la valse à caquette nous est tombé dessus ici, recouvrant tout de pureté et de silence. Tapis sous la neige. Toutes traces ensevelies. Qu’on retrouvera au printemps. Car rien ne s’enterre, tout se retrouve. Éventuellement. Que poussé sous le tapis, de neige. Mais pour le moment, profitons-en. De toute façon, ce n’était qu’une générale, ils en annoncent un autre épisode dimanche. Yé !

45 cm de blanc silence nous est tombé dessus d’un coup, pour le plus grand bien de nos oreilles, de nos yeux et de notre âme. À condition de fermer nos écrans aussi. Car ça n’arrête pas dans toutes les sphères. Et on vit beaucoup à-travers les yeux ces temps-ci.

Mais ici, la nature a repris ses droits. Et nos mains les pelles. Quelle bénédiction d’être plongée.e.s de nouveau dans un silence assourdissant le bruit, au coeur de la nature, avec les éléments, les deux pieds dedans, dans la vraie vie.

Ralentir, regarder, apprécier la beauté qui nous tombe dessus. Sur la terre comme au ciel disait la poètesse.

Et redevenir un peu enfant de nouveau. Émerveillé. Subjugué. Ni à gauche, ni à droite, juste ici, maintenant, en plein dans le blanc des cieux.

Elizabeth Gilbert le dit bien ici-bas: j’aimerais vivre le reste de mes jours dans un endroit si silencieux et travailler à un rythme si lent que je serais capable de m’entendre vivre.

Mais pour s’entendre vivre, il faut écouter. Mais ce sens, la plupart d’entre nous l’avons perdu, oublié du moins. Trop plein de mots, trop plein nos yeux et la tête. Trop de monde dans notre monde.

Une bonne tempête nous ramène toujours à soi, qu’elle soit de neige, d’idées ou d’émotions. Elle nous force à retrouver un endroit en soi, un refuge, là où nous pouvons aller, dans notre coeur, dans notre esprit, dans notre home, où l’on ne doit rien à personne, là ou nous n’appartenons à personne, un endroit qui permet l’épanouissement de quelque chose de nouveau et de prometteur.

Et le seul endroit, le seul temps, qui soit toujours nouveau et prometteur, est ce moment, fuyant, furtif, fluide. Ni passé, ni futur, mais jamais tout à fait ici non plus. Qu’en mouvance, en mouvement. Pour le voir et l’entendre, on doit prêter attention, on doit peser sur pause.

Car un art le silence. Qui requiert une infinie pratique.

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