LE MONDE MIROIR DE SOI

Poursuis ta pratique jusqu’à ce que tu puisses te voir dans le plus cruel et inhumain homme politique, dans le prisonnier le plus cruellement torturé, dans l’être le plus riche au monde, dans l’enfant affamé, avec seulement les os et la peau. Pratique jusqu’à ce que tu reconnaisses ta présence dans tous les gens dans l’autobus, dans le métro, dans les camps de concentration, dans ceux qui travaillent dans els champs, dans une feuille, une chenille, une goutte de rosée, dans un rayon de soleil. Méditation jusqu’à tu te vois dans un grain de poussière et dans les plus lointaine des galaxies. – Thich Nhat Hanh

On aime regarder à l’extérieur de soi et tant pointer du doigts les méchants et les sans-coeur, que de prendre en empathie la cause des pauvres et des laissé.es-pour-compte. On se plait à démoniser les gros méchants et on plaint – ou pire on prend en pitié – les plus faibles.

Pourtant nous sommes autant l’un que l’autre. Alors nous serions autant Trump et Netanyaou que les enfants de Gaza et Haïti ? Pas facile à gober ça ce matin. Les héros ça va, et au pire, les victimes aussi, mais les despotes, c’est plus dur à avaler, plus gros à se passer dans le gorgoton de notre acceptation. On préfère l’indignation et repousser à l’extérieure de soi, créer une distance. Mais pourtant. Autant Dr Jekyll que Misteur.e Hyde. Same same.

Si on regarde la human ball game and (in)human race dans son ensemble, nous sommes en effet tout cela: toutes les personnes qui vivent, celles qu’on admire comme celles qu’on aime détester, autant que tous les éléments de la nature, les cataclysmes et autres phénomènes destructeurs. Comme la beauté et l’ensemble des miracles quotidiens qui prennent place sur terre. Même si l’un est plus flatteur que l’autre auquel s’identifier.

On ne se conçoit peut-être pas encore comme tel en ce moment car on se considère encore séparé.e de l’autre comme du reste de le création – dualité quand tu nous tient – mais possiblement qu’à notre mort, à l’heure du délestage de notre enveloppe charnelle, on pourra mieux le réaliser, quand on se re-dissipera dans le grand tout, quand on redeviendra tout cela. Pas tout cela, tout ceci en fait.

Ou peut-être pas car cette présence qui observe, ce qui lit en ce moment, you hou ! se sera dissoute dans le tout, sera redevenue le tout.

Nous sommes de drôles de bibittes nous les humain.e.s. On regarde le monde et les gens autour de soi comme si tout ce qui n’est pas compris dans notre corps, encapsulé à l’intérieur de notre peau, est autre chose, séparé, distinct. Pourtant. Un seul et même monde, une seule et même conscience, un seul et même coeur qui bat, un.e seul.e. et même Dieu.e. Dieu.e. du Ielle.

On a beau signer des décrets pour dire qu’il n’y a que deux genres, l’humanité est désormais beaucoup plus complexe que ça. En fait, elle l’a toujours été car les êtres androgynes ont toujours existé. La vie est bi-genre, genre. On essaie de garder ça simple mais la vie est tellement plus complexe que ce que l’on veut ou peut en faire. Ainsi la réduire serait l’insulter.

Nous sommes les bourreaux comme les victimes, le sol et le ciel, le soleil et la lune. Le tout et le rien. Nous sommes l’ensemble de la création, comme toutes les sources de destruction.

Nous sommes le show et le froid, le beau et le laid, comme le projeté et le projecteur. L’observateur, l’observé, comme l’interaction écran-projecteur. En fait, on projette notre regard sur le monde et on en fait chacun.e son propre petit monde. Complexe en effet. Pas pour rien qu’on préfère les vidéos de chat, ou bitcher après Trump. Ça simplifie la vie.

Mais peut-être que l’idée consiste simplement à élargir son regard et sa compréhension pour inclure tous, toutes et tout. Ce que l’on aime comme ce que l’on déteste, ce que l’on veut avoir comme ce que l’on veut être, et l’inverse. Ou pas.

Car si comme ceci, alors comme cela aussi. Si moi, alors toi aussi, comme tous les autres qui ne sont que soi au fond. Same same.

Devenir si impliqué.e. dans le monde qu’on n’en rejette plus rien, devenir si identifié.e à tout qu’on finit par en devenir détaché.e. Mais après avoir inclus tout, après avoir été inclus dans tout. Comme si on ne peut devenir détaché.e du monde complètement sans tout d’abord s’y identifier tout aussi complètement, car sinon il nous manquera quelque chose.

On (se) dit souvent – avec une belle candeur et une grande innocence – qu’il ne faut rien prendre personnel en ce bas monde. Mais si, au contraire, on prenait absolument tout personnel ? Sans rejeter rien, sans nier rien car nous sommes le monde entier. Pour le meilleur, et pour le dire.

Alors, continuons notre pratique, car le monde est justement cela, un grand terrain de pratique.

Au fond, nous sommes ici pour prendre conscience de notre illusion de séparation.
Merci Mr Hanh.

Une réflexion au sujet de « LE MONDE MIROIR DE SOI »

Laisser un commentaire