
– Robert Adams
À part dans la nature, rare sont les occasions et les endroits où l’on trouve du silence. En fait, même dans la nature le silence se fait rare, mais son son y est doux, calme et calmant. Prozac organique.
En nature, le silence s’y clame naturellement, le silence s’y crie tout doucement et inclut tous les sons de la vie qui vit.
Nous ne sommes clairement pas une culture du silence. En fait, de moins en moins le silence a-t-il sa place dans notre monde bruyant et tonitruant de mots divers. Ce monde d’écrans aussi bruyant pour les oreilles que pour les yeux. Monde criard d’opinions et de débats, un monde d’ébats dans tous états de plus en plus désunis.
Certain(e)s parlent à Dieu, mais encore des mots alors que Dieu parle probablement silence, langage universel.
D’autres tentent de l’écouter pour mieux l’entendre nous chuchoter le sens de la vie. Mais pas si simple d’écouter pour entendre. Il faut savoir attendre pour entendre, sinon on imposera un sens su silence.
Nous sommes une culture de mots, ce qui semble provoquer bien des maux. Mots dits, nots souvent mal exprimés, et tout aussi mal interprétés et mal compris.
Les mots sont censés nous rapprocher des autres et de la vie mais bien souvent, ils nous en éloignent, ils nous submergent, tant que souvent l’on s’y noie. Nager dans une mer de mots. Et vogue le navire.
Nous sommes souvent prisonniers des mots et la plupart impuissant(e)s devant et dans le silence. Car devant le silence, et dans le silence, les mots continuent toujours à tourner. Si non exprimés, ils s’évaporent et deviennent pensées. Pensées perpétuelles. Il nous faut donc apprendre à faire taire le mental car là que se situe la shoppe à mots, souvent shoppe à gros maux.
Le silence requiert de la patience, de la pratique et du temps. En fait le silence n’a besoin de rien. Et c’est bien cela qui nous est difficile, car rien c’est quelque chose.
On ne peut tomber en silence immédiatement. Le silence doit se faire. On doit observer les pensées, et permettre au mental de ralentir jusqu’à le laisser s’épuiser. Car le mental est un gobe mots, un mâche mots, mais aussi un générateur à mots ramassés de partout.
On doit peser sur sa pédale d’embrayage du mental – sur sa clutch – et laisser le moteur ralentir lentement, doucement, patiemment. Et observer, et accepter tout ce qui s’y passe, tout ce qui passe par là, en respirant et en sentant, sans juger.
Et se mettre simplement à la disposition de la vie. Et si on cherche des réponses, on ne peut que les trouver dans le silence. Et encore là, on ne peut pas vraiment les trouver, on doit se laisser trouver.
Et il faut aussi apprendre à interpréter – ou pas – le silence car on peut lui faire dire ce que l’on veut à ce dit silence, au non dit. L’écoute est une attitude féminine et passive.
Au fond, il faut simplement apprendre à apprivoiser le silence, à le cultiver. Ce qui requiert temps, patience et présence.
Pour être vraiment présent(e), il faut y mettre toute son attention, se rendre disponible et calmer la shoppe à mots. Car la vie chuchote, toujours. Les messages les plus lourds de sens se trouvent au fond de soi, il faut y descendre.
Les plus grandes expériences de la vie se produisent toujours en silence, dans le silence: le soleil, au lever et au coucher, la lueur de la lune et le scintillement des étoiles, la caresse du vent dans les feuilles, les yeux d’une biche, l’odeur et la brillance d’une fleur.
Le silence se donne à quiconque. Mais on doit prendre le temps et la délicatesse de l’écouter une fois que le mental s’est tu un peu. Car en effet, pour avoir accès au silence, il faut que le mental se soit tu, un peu du moins.
Et amor amor amor le mental.
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On ne peut pas vider l’esprit en pensant.
Seulement par l’observation.
~ Robert Adams
