
– Jiddu Krishnamurti
Je pense donc je suis disait l’ancêtre de Stéphane Rousseau, JJ. So français.
En fait, ça pense et nous on suit. Car il n’y a même pas de Je. Même les enfants savent ça.

D’ailleurs on confond souvent objet et sujet. Depuis l’enfance, dès nos premières années d’école, on confond l’objet de la recherche – la chose observée – et le sujet, la présence qui regarde. On doit se mettre soi-même sous le microscope.
Dit autrement, Je est le sujet et Moi est l’objet. Je Me Moi. On se fait soi-même. On se crée de toutes pièces. Et parfois on se croit.
Mais selon notre ptit gars ci-haut, comme plusieurs grands maîtres spirituels, ni l’un ni l’autre existe. Ni le Moi, ni le Je. Donc encore moins le Me. Non, rien de rien serions-nous.
Il n’y aurait que Ça, un grand Ça, et des milliards de petits ça, multipliés par chacun(e) d’entre nous. Des ptits ça sur 2 pattes. Parfois poules sans tête.
Un grand Ça distribué et éclaté dans le grand Tout. Que la même et unique matière qui anime tout, partout. Humaine, végétale, animale, minérale et éthérique même.
Quant à la pensée, on s’y perd souvent. On préfère regarder à l’extérieur de soi et penser à autre chose. On préfère penser et passer à autre chose. On choisit de se divertir car s’observer sans cesse est lassant, fatiguant. On s’investit ou on se divertit.
Si on pouvait seulement apprendre à ne pas tant s’associer au processus de la pensée car penser est demandant, confrontant, épeurant. On nous dit parfois de s’oublier, de ne pas se prendre pour quelqu’un. Pourtant, nous semblons toujours être quelqu’un(e). Jusqu’à preuve du contraire. Jusqu’à ce que mort s’en suive et on verra alors peut-être mieux ce que c’est que de flotter sans corps. D’avoir et d’être un no body. Comme avant notre incarnation. Ou il n’y aura peut-être absolument rien. On verra bien. Ou pas.
En attendant, on pense. Quand quelqu’un nous offre quelque chose dont nous ne sommes pas certain(e), on dit qu’on va y penser. Certains sentent ou ressentent plus qu’ils ou elles pensent.
Quand ça va mal, on nous dit de ne pas penser à ça. Avez-vous essayer vous de ne pas penser à quelque chose ? C’est quelque chose.
C’est pour cela que la méditation ne nous vient pas si facilement, pas si naturellement. Assis, à ne rien faire, à observer ses pensées qui vont et viennent er reviennent sans cesse. Boring. À peu près toujours les mêmes, à quelques variations près. Long, plate et ennuyant. Mais justement. Au lien de la nourrir la pensée, il faut la tarir, la laisser fader out, s’épuiser, ralentir. Et continuer à observer. En respirant.
Beaucoup plus sexy de se faire offrir des formules magiques pour améliorer sa vie en quelques étapes simples et faciles commanditées sur FB. Ou encore se divertir en observant le show business politique. Ou encourager l’industrie québécoise de l’humour.
Personnellement, le plus beau show prend place actuellement devant nos yeux. La forêt nous montre ce qu’est que de se dénuder, ce qu’elle fait en 1000 et une couleurs.
À force de tenter de fuir la pensée, de courir par en avant, on s’épuise, on devient chroniquement fatigué(e). Car lorsqu’on arrête, qu’on se pose et se dépose en soi, on se repose, enfin. Plutôt que de s’abandonner, quand nous sommes fatigués, possible d’apprendre à se reposer.

Non pas se poser des questions, pas plus de pensées, mais par de la légèreté et dans le silence.

Et so what si c’est le vide ?
