ÉCOUTER POUR VOIR

Une disposition essentielle pour entendre l’appel de la terre et lui répondre consiste à développer le silence en soi. Si vous n’avez pas le silence en vous, vous n’entendrez pas son appel: l’appel de la vie. Votre coeur vous appelle mais vous n’entendez pas. Vous ne prenez pas le temps pour écouter votre coeur.
– Thich Nhat Hanh

Hier, je vantais les mérites de chanter, d’ouvrir sa bouche et chanter. Mais pour chanter, il faut aussi être capable d’écouter, écouter pour s’entendre soi et entendre les autres.

Comme pour écouter la terre, on doit écouter son coeur. Car notre guide, notre enseignant, notre professeur et notre boussole.

Écoutez votre propre coeur. Il est votre seul guide.
– Osho

Mais nous sommes très occupé(e)s, préoccupé(e)s par les choses du monde. On préfère suivre l’actualité, on préfère se laisser divertir par les (mauvaises) nouvelles ou par les frasques des politiciens. Ou par les vidéos de chats. Rien contre les chats mais…

On se divertit souvent par les yeux, en lisant ou en regardant.

Ou en parlant.

Comme le dit le meme ci-bas, si le Créateur nous a donné des bouches qui ferment et des oreilles qui ne le font pas, ça devrait nous éclairer.

Comme les oreilles, nos yeux aussi viennent en pairs mais contrairement aux oreilles, nos yeux se ferment.

Mais ça prend du courage de fermer ses ptits coeunoeils et plonger en soi. La plupart des gens préfèrent garder les yeux ouverts et regarder le monde. Pourtant, le monde n’est que soi-même, projeté à l’extérieur de soi. Des reflets de soi.

On vit beaucoup via les écrans depuis quelques temps, les ptits comme les grands. Si on pense généralement que les écrans ouvrent sur le monde, les écrans nous coupent aussi beaucoup plus du monde qu’ils nous l’ouvrent.

De toute façon, nous décidons de moins en moins de ce que nous regardons dans ces écrans. Les algorithmes décident désormais pour nous. Et, ainsi, les vues de notre passé déterminent de plus en plus celles de notre avenir. Le monde se referme sur nous en chambre d’échos rapetissantes. Nous devenons prisonniers de nos écrans, et des messages qu’on veut nous faire entendre et voir.

Éventuellement, il nous faudra arrêter de faire dérouler la vie artificielle devant nos yeux et dans nos oreilles, pour fermer nos yeux et ouvrir nos oreilles et ré-apprendre à écouter le coeur de la terre qui bat au coeur de notre coeur.

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La façon la plus simple d’entrer dans l’état méditatif est de commencer par écouter.
Ferme simplement les yeux et permet-toi d’entendre tous les sons qui se produisent autour de toi.
Écoute simplement le bourdonnement général du monde.
Comme si tu écoutais de la musique.
N’essaies pas d’identifier les sons que tu entends.
Ne leur donne pas de noms.
Laisse-les simplement jouer avec tes tympans.
Et laisse-les partir.
En d’autres termes, on pourrait dire : laisse tes oreilles entendre ce qu’elles veulent entendre.
Ne juge pas les sons.
Il n’y a pas, pour ainsi dire, de sons appropriés ou inappropriés.
Et cela n’a pas d’importance si quelqu’un tousse ou éternue.
Ou laisse tomber quelque chose.
Ce n’est qu’un son.

Et si je vous parle en ce moment, ne faites que cela.
Je veux que vous écoutiez le son de ma voix.
Comme si c’était du bruit.
N’essayez pas de donner un sens à ce que je dis.

Parce que ton cerveau prendra soin de ça automatiquement.
Tu n’as pas à essayer de comprendre quoi que ce soit.
Écoute simplement le son.
En poursuivant cette expérience tu découvriras très naturellement que tu ne peux pas t’empêcher de nommer les sons, de les identifier.
Que tu continueras à penser.
C’est-à-dire à te parler à toi-même dans ta tête, automatiquement.
Mais il est important que tu n’essaies pas de réprimer ces pensées en les forçant à sortir de ton esprit.
Parce que cela aura exactement le même effet.
Comme si tu essayais de lisser une eau agitée avec un fer plat.
Tu vas juste la perturber encore plus.
Ce que tu fais, c’est ceci.
Lorsque tu entends des sons monter dans ta tête, des pensées, tu les écoutes simplement comme une partie du bruit général qui se passe.
Tout comme tu écouterais le son de ma voix.
Ou tout comme tu écouterais les voitures passer.
Ou les oiseaux qui bavardent à l’extérieur de la fenêtre.
Alors regarde tes propres pensées.
Comme de simples bruits.
Et bientôt tu découvriras que le soi-disant monde extérieur et le soi-disant monde intérieur se réunissent, ils sont un seul et même événement.
Vos pensées sont un événement.
Tout comme les sons qui se produisent à l’extérieur.
Et tout n’est qu’un seul événement.
Et tout ce que tu fais, c’est regarder.
Peux-tu entendre le passé ?
Peux-tu entendre le futur ?
Peux-tu entendre l’auditeur ?

– Allan Watts

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