PENSÉES PENSÉES

Hé que ça pense le monde. Je pense, tu penses, il/elle pense, nous pensons, vous pensez, ils/elles pensent sans dépense.

Ça pense sans cesse dans le monde. 8 milliards de machines à pensées. Ça pense pour moi, pour toi, pour nous tous. Ça en moi, ça pense autour. Ça pense à ci, ça pense à ça, ça pense par ci pis ça pense par là. Ça pense pas à peu près. Ça pense sans compter, ça r’garde pas à la dépense. Ça pense hors de contrôle.

Car on ne contrôle rien en matière de pensées. Ça pense tout seul. Le monde se pense. Ça pense tout le tour de la panse. Ça tourne en rond car ça pense pas mal tout le temps à la même chose. La nourriture du mental est de la pensée, des pensées. À l’infini.

Je dis ÇA pense, car est-ce vraiment nous qui pensons ? ou n’est-ce pas plutôt que les pensées poppent en nous à notre insu ? La question se pose. Et prend beaucoup de temps à trouver. Toute une vie. et ce n’est pas la matière première qui manque.

Même quand on dort, quand on fait du sport, même quand on sort, ça pense encore. Cauchemar, mauvais sort comme disait le poète.

Évidemment qu’on ne dit pas tout à ce à quoi on pense. Ni ne l’écrit. Car il y a du drôle de stock dans notre moulin à penser, du bizzaroïde qui traverse notre machine à pensées. Tellement qu’à un moment donné

On aimerait bien. Ah si c’était seulement aussi simple. On a beau faire un backwash une fois de temps en temps, la matière première revient toujours. Comme des bulles à la surface. Certains aiment se divertir par l’humour, d’autres se transvestir par amour, d’autres encore choisissent d’altérer leur conscience à l’aide de spiritueux divers, même l’été.

J’te dis que ça pense à toutes sortes d’affaires c’te ptite affaire-là.

On est toujours face à face avec ce mental qui génère de la pensée comme certains champs au printemps.

Nous sommes condamné(e)s – certains se sentent damné(e)s – à apprendre à gérer notre faculté de penser, à gérer le flot incessant et constant de nos pensées infinies et auto-génératrices. Comme chaque matin ramène le soleil, chaque nouveau jour ramène son lot de pensées. Un gros tas de nouilles Ramen plein de noeuds les pensées.

Une bouillie incohérente, un magma qui poppe et poppe encore stimulée et alimentée par notre propre histoire pas toujours si propre car certaines pensées on préférerait refouler, comme par les histoires du monde environnant. Mais la pensée, même la plus sombre, cherche toujours son chemin vers la lumière. Toute pensée cherche la lumière, et espérons, la trouve.

Un moment donné, même si on aimerait bien, comme on ne peut se déverser le contenu car elles reviennent sans cesse

il ne nous reste qu’à faire face à tout ce qui monte, à observer, à sentir, à accueillir et à cueillir même car de précieuses pépites aussi à l’occasion émergent de ce volcan intérieur. En effet, le mental n’est pas diabolique. Il n’est qu’un micro processeur qui carbure à ce à quoi on le nourrit si on prend tout simplement le temps de l’assumer et de l’observer pour apprendre à comprendre son mécanisme automatique.

Comme le dit notre ami Krishnamurti (pas un ami intime quand même mais très précieux): On doit y mettre de l’ordre pour transformer ce foutu bordel. Lorsque l’observateur/trice devient ce qui est observé, alors il y a un ordre complet. – traduction très maison

Prendre le temps d’observer. Pour cela il faut arrêter.

Avoir le courage d’observer, de s’observer, et de se détacher de ces pensées, qui ne sont jamais nôtres, que des pensées sans propriétaires éparses et autonomes. Parfois elles s’accrochent à notre petite histoire, parfois elles émanent de la Grande.

Qu’elles soient sexy ou diaboliques, ce ne sont que des pensées, des bulles d’air. Jamais les nôtres, nous ne sommes propriétaires de rien de toute façon. Même notre corps nous le rappellera un jour.

Car de toute façon, pourquoi même se soucier de qui nous aime ?

De toute façon, tout le monde se fout de ce que l’on pense car nous pensons toutes et tous à peu près la même chose, nous pensons grosso modo aux même affaires, car nous vivons tous et toutes dans un corps, mû apr les mêmes besoins, et tous et toutes dans le même monde. Oh que de petites différences et variations personnelles, mais overall, la même bouillie mentale.

Alors pensées ?

ou pensées ?

Même si on ne nous a jamais promis un jardin de pensées, ni de roses, on nous a quand même légué une machine à penser, à pensées. Il suffit d’y mettre de l’ordre, et d’avoir le courage et la lucidité d’observer.

Et de s’observer observer, observer s’observer.

Et alors les pensées s’évaporent et perdent de l’importance. Et alors un certain ordre s’installe en soi. Un ordre certain. Un ordre qui comprend et inclut tous les désordres du monde, les nôtres comme ceux des autres. Un ordre, qui comme un constant et fluctuant équilibre fait de tous les déséquilibres du monde, ne se contrôle ni ne se contient. Un grand désordre désorganisé qui est accepté pour ce qu’il est. Tout simplement, dans toute sa complexité.

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