JUSTE COLÈRE

Qui n’est pas en colère alors qu’il existe tant de causes justifiant la colère est immoral. Pourquoi ? Parce que la colère cherche le bien et la justice. Et si vous pouvez vivre parmi l’injustice sans colère, vous êtes autant immoral qu’injuste.
– Thomas d’Aquin

Sur notre terre, en ce moment même, on bombarde des innocents à tour de bras. On laisse des enfants mourir de faim. On refuse l’asile à des migrants. On éjecte des sans-abris des espaces publics eux qui n’ont pourtant nulle part d’autre où aller.

Mais qui est ce on ?

Moi et vous, eux et elles, nous tous et toutes. On inclut la personne qui écrit, celle qui lit, celle qui parle, celle qui voit et toutes celles qui vivent. Je suis ce on, comme vous l’êtes aussi. Nous sommes tous et toutes ce On. Un On pas mal off parfois.

Pendant ce temps-là, nous, ici, d’ici, on observe ce branle-bas de multiples combats à-travers nos écrans très cathodiques et on s’inquiète des taux d’intérêt et de l’inflation à partir de nos tours de bébelles. Bébelles qu’on empile dans des dépotoirs sans cesse croissants et des mers de plus en plus plastifiées.

Drôle de monde, étrange réalité out there. qui finit par s’infiltrer in here. Car entre le dedans et le dehors, qu’un mince couche de peau, qu’un fine illusion de séparation.

Et la pensée positive et les états altérés de conscience ne peuvent tout gommer.

Mais jusqu’où peut aller notre inhumanité collective ?

Jusqu’où peut s’étendre notre auto-destruction inconsciente ?

Le monde est tellement fou qu’on voudrait fermer tous nos écrans comme nos yeux et nos oreilles et nos autres sens devant l’horreur répété.

À la vue et au su de toute cette folie meurtrière et inhumaine qui se déroule devant nous qu’on ne perçoit qu’à infime dose, on se promène allègrement entre colère, outrage, dégoût et impuissance, sans pouvoir faire quoi que ce soit pour l’atténuer.

On reçoit ces lots de mauvaises nouvelles, qu’on dirait de pires en pires, et pendant ce temps, on doit simplement continuer à vivre nos vinaigrettes ici, en prenant note de ce qui se passe, en observant.

Et en tentant de faire sens, de rationaliser, d’intellectualiser. Tout en continuant à mener notre petite existence privilégiée.

Car de toute façon, quoi faire d’autre ?

Donner à la Croix-Rouge, ou à quelques oeuvres humanitaires.

Aider des plus démuni(e)s que nous ici autour de soi.

Tenter de comprendre la situation internationale à la source des conflits.

S’informer sur les multiples conflits et autres situations dont les médias parlent peu, moins, ou pas du tout. Car au coeur de ces conflits autres, souffrent aussi d’autres frères et soeurs humains.

Prier, et/ou continuer de le faire malgré que so far not so good, et pas certain que les gens de bonne volonté n’aient été entendus par les dirigeants du département des causes justes et bonnes.

Espérer, garder la foi et continuer de voir la beauté ici en soi et autour de soi.

Se brancher sur la nature.

Être heureux/se pour autrui et apprécier tout, et souhaiter le mieux et le meilleur à tout le monde, comme à soi-même.

Et plise ne pas nier cette colère sourde qui gronde en nous devant l’inhumanité et l’horreur collective car elle émane de notre coeur commun, de notre humanité partagée. Cette colère constitue le lien qui nous unit encore à nos frères et nos soeurs du monde entier. Cette colère est notre profond sens de justice au coeur de notre coeur. Cette colère est notre drive de vie. C’est elle qui nous fera changer le monde pour le meilleur. Du moins, le tenter.

Un peu à l’image du Bouddha qui aurait dit qu’il ne pourrait être en paix totalement tant que le dernier des humains ne le soit aussi, et qu’il attendrait de franchir la porte du paradis tant que le dernier n’y serait pas passer. Or something like that.

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