
La vie lui répondit: parce que je suis un beau mensonge et toi la douloureuse vérité.
Toute notre vie durant, la plupart d’entre nous vivons comme si on n’allait jamais mourir. Car la vie appelle la vie évidemment et le bizzy buzz du quotidien nous entraîne dans son sillage à aller toujours de plus en plus vite. La mort ? Pas le temps de penser à ça maintenant, trop occupé, trop à faire.
Mais ils/elles sont de plus en plus nombreux à préparer leur mort. À faire en sorte que tout soit en ordre dans la paperasse avant de trépasser, pour ne pas laisser à leurs héritiers un fouillis administratif. À élaguer les trop nombreuses affaires, faire de la place. Certain(e)s ont la chance de se préparer, d’autres quittent subitement. Chacun(e) sa sortie. Mais pour la plupart, on a le luxe de se préparer. Le fait-on ? Autre histoire.
Pourtant, chaque jour de notre vie nous amène à la mort, nous mène vers la mort, nous y rapproche. Un pas à la fois, si possible chaque pas dans la foi. Chaque petit bout de vie est un pas de plus vers l’ultime fil d’arrivée. Arrivée vers le grand nul part, vers la fin et le repos du corps. La mort du corps en effet car pour l’âme, on ne sait trop la suite qui nous attend. Ni même si suite il y a même. Alors squeezons tout le jus pendant qu’on orange.
Est-ce que la vie est vraiment un beau mensonge et la mort une douloureuse vérité ?
Pas toujours, car pour certain(e)s c’est la vie qui est douloureuse alors que la mort représente une libération. On voit passer parfois sur les réseaux asociaux des messages de parents qui annoncent le départ abrupte d’un de leur enfant. On voyait peu ça avant même si ça se passait quand même. Jamais simples les jeux de maux de l’esprit. Empathie parentale.
Alors, la vie est vraiment un beau mensonge et la mort une douloureuse vérité ?
Peu importe. Car certains disent que si la mort est une certitude, la vie ici-bas serait une grande illusion. Pourtant, il me semble que ces deux-là forme une paire, un couple non? Pas simple la vie, ni la mort peut-être non plus. Ou peut-être plutôt une grande libération de notre corps. Grand envol vers l’inconnu.
La vie, la mort. Que des mots. Pour le moment, la mort du moins. À part celles des autres. La nôtre, on n’en sait rien encore. Même si elle est déjà un peu ici, même si elle se passe un peu à chaque jour.
Chacun(e) notre petite vie dans cette grande Vie. Avec notre lot de déceptions, de revirements, de joies et d’apprentissages. Avec l’amour, la tristesse, l’apprentissage de l’humilité et de notre humanité.
Peu importe nos croyances, la vie est un long processus par lequel on passe tous et toutes, avec nos propres défis et leçons, nos joies et nos peines.
On pense parfois savoir ce qu’est la vie, et puis tout à coup, Euréka, on réalise qu’on ne sait rien. On réalise que nous ne sommes rien devant la mort, surtout pas un corps. Mais pas encore totalement.
Ci-bas, quelques belles paroles de vivants qui ont passé et laissé de belles traces.
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Que cette horrible aventure des humains qui arrivent sur cette terre, rient, bougent, puis soudain ne bougent plus, ne les rende pas bons, c’est incroyable.
Et pourquoi vous répondent-ils si vite mal, d’une voix de cacatoès, si vous êtes doux avec eux, ce qui leur donne à penser que vous êtes sans importance c’est à dire sans danger ?
Ce qui fait que des tendres doivent faire semblant d’être méchants pour qu’on leur fiche la paix, ou même, ce qui est tragique, pour qu’on les aime.
– Albert Cohen, Le Livre de ma mère
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Albert Einstein a visité le Japon. Il séjournait dans un hôtel et voulait donner un pourboire au personnel de l’hôtel, mais le Japon n’a pas de culture du pourboire.
Ils considèrent parfois les pourboires comme une insulte.
Le travailleur a déclaré : « Cela fait partie de mon travail, monsieur, je reçois mon salaire » et a refusé d’accepter le pourboire.
Einstein ne le savait pas.
Il a appris qu’il recevrait le prix Nobel ce jour-là et Il a dit à l’empoyé : « Je veux partager ma joie, vous n’acceptez pas le pourboire, mais si vous me le permettez, je vous offrirai un souvenir. »
Il a pris le stylo et le papier dans sa chambre d’hôtel et a écrit un mot.
Signé par Albert Einstein
L’ouvrier japonais a conservé cette note jusqu’à la fin de sa vie.
Après sa mort, il a vendu son petit-fils aux enchères et a vendu le billet pour un million 600 mille dollars en 2017.
Einstein a écrit la phrase suivante à l’Hôtel Impérial de Tokyo :
« Une vie humble donne plus de bonheur qu’une vie agitée à la poursuite d’un succès inconscient. »
La littérature sur la compréhension réelle de cette phrase est bien supérieure à 1 600 000 $.
Le bonheur ne se vend pas le dimanche.
Peut-être que vous pouvez acheter un bon lit, mais vous ne pouvez pas acheter un sommeil paisible.
Peut-être que vous pouvez acheter une belle maison chère, mais vous ne pouvez pas acheter une maison heureuse.
Comme dirait Mark Twain :
« De bons amis, de bons livres et une vie confortable où vous pouvez dormir quand vous posez votre tête sur l’oreiller, et si vous avez une conscience, c’est la vie idéale. »
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George Gurdjieff n’a jamais parlé d’amour de toute sa vie.
Il n’a jamais écrit une seule ligne sur l’amour.
Un jour, ses disciples le pressèrent beaucoup et lui dirent : Dis au moins quelques mots.
Vous n’avez jamais rien dit sur l’amour.
Pourquoi ne parles-tu pas d’amour ?
Gurdjieff a dit : Tel que vous êtes, l’amour est impossible.
Si vous ne connaissez pas l’amour, quoi que je dise, vous ne comprendrez pas.
Il a condensé tout son sentiment d’amour en une seule phrase.
Il a dit : Si vous pouvez aimer, vous pouvez l’être ; si vous pouvez l’être, vous pouvez le faire ; si vous pouvez le faire, vous l’êtes.
Et il a dit : Ne me forcez plus. Je ne dirai rien d’autre.
L’amour n’est pas possible d’ordinaire. L’amour est une erreur. Là où vous êtes, l’amour est une erreur. Ce n’est pas possible.
On ne peut pas aimer ! – parce que d’abord, vous n’êtes pas ; vous pensez simplement que vous l’êtes.
Tu n’es pas seul; vous êtes une foule.
Comment peut-on aimer ?
Un esprit tombe amoureux ; un autre esprit n’en sait rien.
Un esprit dit qu’il aime ; un autre esprit, en même temps, réfléchit à la manière de haïr, un autre esprit se dirige déjà vers la haine.
Vous êtes une foule à l’intérieur ; vous n’êtes pas un tout cristallisé, vous n’êtes pas un – et seul celui/celle qui est Un peut aimer.
L’amour n’est pas une relation ; l’amour est un état d’être.
Donc, peu importe ce que vous appelez l’amour, ce n’est pas l’amour.
~ Osho
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Au sein de certaines cultures, on dit que les anneaux de tristesse s’accumulent autour de notre être intérieur au cours de notre vie.
Tout comme les années de croissance des arbres.
Mon sentiment est que cela n’arrive que lorsque nous jugeons la tristesse comme mauvaise, comme quelque chose à éviter.
Ce n’est qu’alors que nous supprimons la tristesse et formons les anneaux.
Mais si nous explorions la tristesse au lieu de la fuir ?
Et si nous remettions en question l’idée fausse selon laquelle la tristesse est mauvaise ? Après tout, c’est un événement tellement humain !
Et il a une profondeur extraordinaire.
Ahh ! peut-être que sa profondeur nous fait croire qu’elle va nous anéantir, alors qu’en réalité elle nous traversera et nous fera cadeau du calme qui suit la tempête.
Avec une meilleure compréhension et une plus grande clarté.
Peut-être que la prochaine fois que la tristesse frappera à votre porte, ouvrez-la et invitez-la à entrer.
Apprenez à le connaître et à en faire l’expérience.
Et peut-être que cela ouvrira une porte vers une partie plus profonde de qui vous êtes VRAIMENT !
Amour…
Subhan
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Et ajout de dernière minute via Jean Gagliardi
À peine a-t-on le temps de vivre qu’on se retrouve cendre et givre.
Adieu
Et pourtant j’aurais tant à faire avant que les mains de la terre me ferment à jamais les yeux.
Je voudrais faire un jour de gloire d’une femme et d’une guitare, d’un arbre et d’un soleil d’été.
Je voudrais faire une aube claire pour voir jusqu’au bout de la terre des hommes vivre en liberté.
Assis entre deux équilibres dans ce monde qui se croit libre et qui bâtit des miradors, je voudrais bien que nul ne meure avant d’avoir un jour une heure aimé toutes voiles dehors.
À peine a-t-on le temps de vivre qu’on se retrouve cendre et givre
Adieu
Et pourtant j’aurais tant à faire avant que les mains de la terre me ferment à jamais les yeux.
De mes deux mains couleur d’argile je voudrais bâtir une ville blanche jusqu’au-dessus des toits.
Elle serait belle comme une chanson du temps de la Commune pétrie de bonheur hors-la-loi.
Et puis que le printemps revienne pour revoir à Paris sur peine des enfants riant aux éclats.
Lorca errant dans Barcelone tandis que l’abeille bourdonne dans la fraîche odeur des lilas.
À peine a-t-on le temps de vivre qu’on se retrouve cendre et givre.
Adieu
Et pourtant j’aurais tant à faire avant que les mains de la terre me ferment à jamais les yeux.
– Henri Gougaud
7 Juillet 1936 – 6 mai 2024
