
La tristesse est une colère passive alors que la colère est une tristesse active.
– Osho
Quand on regarde ce qui se passe dans le monde, notamment à Gaza mais ailleurs aussi même si la situation nous semble moins aigüe ou criante, on est porté(e) à ressentir deux principales émotions différentes: colère et tristesse. Et plusieurs, souvent, balancent entre les deux, passent de l’une à l’autre. Ou évitent l’une et l’autre.
Ce sont aussi les deux principales tendances émotives que l’on voit passer en général sur les réseaux. Certains sont plus démonstratifs d’un côté actif, dénonçant les grossièretés du gouvernement Netanyaou, avec raison, ou de l’autre, d’autres affichent empathie, chagrin et tristesse envers le peuple Palestinien.
Mais que ça penche d’un côté ou de l’autre, derrière ce flot émotif, cette bouette d’émotions mêlées, c’est notre impuissance qui ressort, qui émerge, qui vibre. Constatant cette situation catastrophique, il est bien difficile de ne pas ressentir l’une ou l’autre émotion. Ou plus.
Comme le veut l’adage : si on ressent notre propre souffrance c’est que nous sommes vivant(e), si on ressent la souffrance d’autrui c’est que nous sommes humain(e)s.
Et il est quasiment impossible de ne pas la ressentir cette souffrance d’autrui ces temps-ci, à moins de s’en couper, ce que certains préfèrent faire. Ou regarder ailleurs. Ou justifier les un(e)s ou les autres.
Et même si on veut s’enquérir de l’état du monde, vient un point où la coupe est pleine et doit tarir la source.

Et apprendre à ressentir tout ce que le monde dit extérieur fait monter et émerger en nous, ce que les images d’horreur suscitent en nous, en le reconnaissant, en le ressentant, sans vouloir le nier, sans l’intellectualiser. Mais sans y sombrer complètement. L’équilibre est fin.
Car il est bien difficile de constater l’état lamentable du monde dans lequel on vit en restant intouché(e), insensible, non concerné(e) ni affecté(e). Sans laisser les événements sur lesquels nous n’avons aucune sinon très peu d’emprise nous démoraliser, nous déprimer, du moins ne pas trop nous affecter.
Alors il ne reste qu’à continuer notre petite vie relativement douillette ici, à vivre notre vinaigrette, chacun(e) avec nos défis relatifs bien sûr mais généralement bénins par rapport à bien pire ailleurs car bénis nous sommes – même si l’idée n’est pas de se comparer – en demeurant concerné(e)s et pré-occupé(e)s avec tout ce qui se passe dans notre monde.
Car si on dépasse les limites de notre corps, si s’extasie – sort hors du petit moi – si on déborde le cadre de sa propre et toute petite personnalité individuelle, ce qui se passe dans le monde nous concerne directement, nous touche même, malgré que ça se passe loin de nous, à distance lointaine de notre vue directe.
De toute façon, l’état de notre planète, qu’on dit assez en catastrophique, nous concerne tous et toutes personnellement, nous-même et/ou nos proches et nos enfants.
Ne perdons surtout pas la bonté ni la beauté de vue, mais restons connecté(e)s. Et sensibles. Et en lien avec notre monde. Et nos multiples émotions.
