
Mes chers/ères lecteurs/trices, je crois sincèrement qu’un défi encore plus grand que de simplement ne pas laisser l’injustice consumer notre lumière consiste à vivre en zone de guerre, en se faisant bombarder, être affamé(e)s et assoiffé(e)s, et d’arriver à garder espoir, et ne pas sombrer dans le désespoir total. Sous les bombes, et dans des conditions inhumaines, simplement demeurer vivant(e) constitue un exploit, l’espoir vient en prime, et requiert une foi immense, presque inhumaine.
Le plus grand défi pour certains êtres humains est tout simplement de rester vivant(e) au quotidien. Et de ne pas sombrer tout court, ni dans la folie, ni dans le désespoir ou dans colère et la rage. Simplement demeurer humain(e) constitue un exploit.
Ce qui se passe à Gaza est épouvantable. Bien sûr il y a plein d’autres guerres et situations horribles qui sévissent notamment à Haïti, en Ukraine, en Syrie, en Afghanistan – le sort des filles et femmes – en Afrique et j’en passe. Mais la situation de Gaza me semble la plus inhumaine. Tellement médiatisée qu’on la vit quotidiennement, même si à distance, par procuration. Nous sommes témoins du pire de l’humanité. Là où le sort des enfants est particulièrement criant.

Le sort de l’humanité vacille entre espoir et désespoir, d’où le titre ambivalent de cette chronique. Des espoirs. L’un et l’autre, l’un ou l’autre. D’un côté, il est relativement aisé pour nous de garder espoir, ici, d’ici en toute sécurité et nourri/logé/chauffé. De l’autre, si on observe les multiples menaces autant à l’humanité qu’à la planète, aussi inquiétant. Mais so far very good pour nous.
Pendant que l’on vit confortablement et dodument ici bien au chaud, dans le confort de nos foyers, des gens, enfants, ainé(e)s, pères et mères, de bonne volonté ou de la meilleure volonté qui soit, vivent l’horreur au quotidien. Pendant que je tape ces mots de mon home douillet, des gens vivent une crise, en ce moment même. Et nous on doit apprendre à vivre, impuissant(e)s devant l’horreur. En se sentant relié(e)s, responsables mais pas coupables. Impuissant(e)s surtout.
On peut bien faire quelques posts outrés sur les réseaux, s’indigner publiquement, pointer l’injustice des un(e)s ou des autres, n’en reste qu’en nous-même, en soi chacun(e) pour soi, on doit apprendre à vivre avec l’intolérable, avec l’inacceptable, avec l’inhumain qui nous saute au visage. Si on ne le subit pas soi-même, on le voit, on en est témoins. Sauf que nous, nous sommes ici en sécurité.
Quelle réalité out there. On aime parfois dire que le monde est une illusion. Peut-être. Mais pour certain(e)s, elle est beaucoup plus réelle que pour d’autres cette prétendue illusion qui est le luxe des aisé(e)s.
Malgré le désespoir de certain(e)s, il est essentiel de conserver l’espoir, pour eux et elles. Et continuer de voir la beauté, et de la répandre autour de soi. Car quoi faire d’autre ?
De tout coeur avec les gens qui souffrent dans la lumière de notre coeur humain commun, dans notre humanité.
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(1) Deux touchants témoignages ci-bas sous les citations si le coeur vous en dit, un de Johanne Liu et l’autre de Picard.
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Garder espoir dans les moments difficiles n’est pas simplement bêtement romantique.
Ça repose sur le fait que l’histoire humaine est non seulement une histoire de cruauté, mais aussi de compassion, de sacrifice, de courage et de gentillesse.
Ce que nous choisissons de souligner dans cette histoire complexe déterminera nos vies.
Si nous ne voyons que le pire, cela détruit notre capacité à faire quelque chose.
Si nous nous souvenons aussi de ces époques et de ces lieux – et il y en a tant – où les gens se sont comportés magnifiquement, cela nous donne l’énergie d’agir, et au moins la possibilité d’envoyer cette toupie d’un monde dans une autre direction.
Et si nous agissons, même de manière modeste, nous n’avons pas besoin d’attendre un grand avenir utopique.
L’avenir est une succession infinie de présents, et vivre maintenant comme nous pensons que les êtres humains devraient vivre, au mépris de tout ce qui est mauvais autour de nous, est en soi une merveilleuse victoire.
~ Howard Zinn
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Celui qui a vu son ombre est plus grand que celui qui a vu les anges.
Celui qui a touché ses abîmes et qui a pourtant choisi la vie met le monde debout.
La vie n’a pas de sens, ni sens interdit, ni sens obligatoire.
Et si elle n’a pas de sens, c’est qu’elle va dans tous les sens et déborde de sens, inonde tout.
Elle fait mal aussi longtemps qu’on veut lui imposer un sens, la tordre dans une direction ou dans une autre.
Si elle n’a pas de sens, c’est qu’elle est le sens.
Et si l’essentiel d’une vie consistait à accueillir l’ébranlement, la secousse, le dérangement causé par l’autre ?
Au-delà du bien et du mal, du vrai et du faux, du juste et de l’injuste, il y a une prairie où je t’attends.
Il n’y a qu’un crime, c’est de désespérer du monde.
Nous sommes appelés à pleins poumons à faire neuf ce qui était vieux, à croire à la montée de la sève dans le vieux tronc de l’arbre de vie.
Nous sommes appelés à renaître, à congédier en nous le vieillard amer.
– Christine Singer
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Johanne Liu
https://www.lapresse.ca/dialogue/chroniques/2024-02-21/grande-entrevue-avec-joanne-liu/pour-que-la-guerre-s-arrete-aux-portes-des-hopitaux.php
Luc Picard
https://www.lapresse.ca/dialogue/opinions/2024-02-21/place-publique/lettre-a-un-jeune-palestinien.php

Atroce réalité que vivent les gazaouis.
Les mots me manque…
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