
Pour débuter et éclairer les propos de cette chronique, une petite histoire d’Allan Watts traduite en français par votre humble chroniqueur.
Qu’est-ce que c’est ?
C’est une rose.
Mais « une rose » n’est qu’un bruit.
Qu’est-ce qu’un bruit ?
Un bruit est un impact des ondes aériennes sur le tympan.
Alors une rose est un impact des ondes sur le tympan ?
Non, une rose est une rose… est une rose est une rose est une rose...
Les définitions consistent simplement à établir une correspondance entre des groupes de données sensorielles et des bruits, mais comme les bruits sont des données sensorielles, la tentative est finalement circulaire. Le monde réel qui fournit à la fois ces données et les organes permettant de les détecter reste insondablement mystérieux.
Correspondance ou torsade de réalité dans notre connu ? La question se pose. Car plutôt que de voir la vie telle quelle, sans filtre ni jugement, soit on fait rentrer – fitter – la grande vie dans une des ptites boîtes qu’on pense connaître, soit on projette sur l’extérieur notre réalité intérieure. Si notre morceau de puzzle ne fitte pas, on peut toujours essayer de le gosser et le forcer dans la réalité.
Ah ce monde dit du réel. Celui au-dessus – ou au-delà et en-deça c’est selon – des concepts comme de nos sens avec lesquels on peut percevoir le monde et les choses. Ces deux mots de 5-6 lettres qu’on ne peut ramener ni à quelque chose, ni même à rien.
Ah la Vérité, avec un petit ou un GRAND V. LA Vérité, ou ma vérité. Ou ce que je considère comme telle.
Vu de notre point de vue, il n’existerait rien dans l’absolu. L’arbre qui tombe en forêt fait peut-être un certain bruit, un son certain, mais si on ne n’y trouve pas pour l’entendre, ce dit bruit sera émis mais passera inaperçu. Les oiseaux l’entendent-ils ?

Encore Krishnamurti: Nous ne sommes rien, mais ça on ne peut le concevoir, alors nous nous forgeons des images «à-propos» de nous-même.
Il y a beaucoup de vie imperceptible à nos sens limités dans les vastes espaces au-dessus de nos têtes. Comme dans certaines têtes d’ailleurs mais ceci est une autre de drôle histoire. Beaucoup de vie en dehors de soi, comme en soi. Des milliards d’interactions chimiques et neurologiques à chaque instant desquels nous sommes plus ou moins conscients, habituellement moins que plus.
En tant qu’humains normalement constitués, nous en sommes réduits à ramener l’infini, le mystère et l’imperceptible à soi par des concepts, des sens, des mots et des étiquettes, des enchaînements de quelques lettres qui n’ont rien à voir avec le phénomène en question. À-propos de tout au plus. Mais on aime penser inventer des réponses au mystère.
On pense savoir mais au fond, que sait-on ? Que sait-on vraiment ? je veux dire. Qu’on ne sait pas, et même ça, on pense le savoir mais on ignore combien on l’ignore. Une autre tentative circulaire qui se mord la queue. Car dès qu’on pense savoir, on ne sait pas, on ne sait plus.
Alors comment décrire le parfum de la rose ? Grattez l’écran ?
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Une rose est une rose est une rose.…

Si on veut absolument savoir et apprendre, à la Jung maintenant : Apprenez toutes les théories, maîtrisez toutes les techniques, mais quand vous touchez une âme humaine, ne soyez qu’une autre âme humaine.

Humain(e)s ignorant(e)s.
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Dans une fabrique de biscuits, différents biscuits sont cuits en forme d’animaux, de voitures, de personnes et d’avions. Ils ont tous des noms et des formes différents, mais ils sont tous fabriqués à partir de la même pâte et ont tous le même goût.
De la même manière, toutes choses dans l’univers – le soleil, la lune, les étoiles, les montagnes, les rivières, les gens, etc. – ont des noms et des formes différents, mais elles sont toutes constituées de la même substance. L’univers est organisé en paires d’opposés : la lumière et les ténèbres, l’homme et la femme, le son et le silence, le bien et le mal. Mais tous ces contraires sont réciproques, car ils sont constitués de la même substance. Leurs noms et leurs formes sont différents, mais leur substance est la même. Les noms et les formes sont créés par votre pensée.
Si vous ne pensez pas et n’avez aucun attachement au nom et à la forme, alors toute substance est une. Votre esprit d’ignorance coupe toute réflexion. C’est votre substance. La substance de ce bâton Zen et votre propre substance sont les mêmes. Vous êtes ce bâton ; ce bâton, c’est toi.
– Zen Master Seung Sahn
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Le non manifesté est sans mouvement.
Où se trouve-t-il ?
Réfléchissez bien à ce point.
Par un frémissement du non manifesté, une infime maya est créée.
Vous êtes éternellement non manifesté par nature.
La conscience implique une individualité. Ce qui connaît la conscience est le non manifesté.
Quand soudainement vous accédez à « Je suis », cela vous fascine. C’est la même chose que l’amour.
Votre conscience a été créée à travers l’ignorance. Ceci est la maya primordiale.
Soyez libre du besoin de la conscience pendant qu’elle est encore dans le corps.
Le monde bouge par la force du verbe. A l’intérieur du principe non manifesté émerge la sensation d’être.
À l’intérieur de cela, le monde est créé. Dans le monde, il y a le chaos.
Qui est antérieur à cela ?
N’est-il pas toujours là, Celui qui connaît ceci ?
Cela qui connaît le monde est antérieur au monde.
Le véritable repos vient quand la mémoire du « je suis ceci, cela » arrive à sa fin.
Reste la véritable nature, antérieure à la mémoire.
– Nisargadatta Maharaj
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Les causes ne sont pas extérieures à toi.
La cause fondamentale est en toi – mais tu regardes toujours à l’extérieur, tu demandes toujours :
Qui me rend malheureux ?
Qui est la cause de ma colère ?
Qui est la cause de mon angoisse ?
Et si tu regardes dehors, tu passeras à côté.
Ferme simplement les yeux et regarde toujours à l’intérieur.
La source de toute misère, colère, angoisse, est cachée en toi, dans ton ego.
Et si tu trouves la source, il sera facile de la dépasser.
Si tu peux voir que c’est ton propre ego qui ça te pose problème, tu préféreras le laisser tomber – parce que personne ne peut porter la source de la misère s’il la comprend.
Et rappelles-toi, il n’est pas nécessaire d’abandonner l’ego.
Tu ne peux pas le laisser tomber.
Si tu essaies de l’abandonner, tu atteindras à nouveau un certain ego subtil qui dit : « Je suis devenu humble ».
N’essaies pas d’être humble.
C’est encore une fois l’ego caché – mais il n’est pas mort.
N’essaies pas d’être humble.
Personne ne peut essayer prétendre l’humilité, et personne ne peut créer l’humilité par ses propres efforts – non.
Quand l’ego n’existe plus, une humilité vient à toi. Ce n’est pas une création. C’est l’ombre du véritable centre.
Et une personne vraiment humble n’est ni humble ni égoïste.
Elle est tout simplement simple et ne se rend même pas compte qu’elle est humble.
Si tu penses que tu es humble, l’ego est là.
Regarde les humbles….
Il y a des millions de personnes qui pensent qu’elles sont très humbles. Elles s’inclinent très bas, mais surveille-les : ce sont les égoïstes les plus subtils. Désormais, l’humilité est leur source de nourriture. Elles disent : « Je suis humble », puis vous regardent et attendent que vous les appréciiez.
« Vous êtes vraiment humble », voudraient-ils que vous disiez. « En fait, vous êtes l’homme le plus humble du monde ; personne n’est aussi humble que vous. » Ensuite, voyez le sourire qui apparaît sur leurs visages.
Qu’est-ce que l’ego ? L’ego est une hiérarchie qui dit :
« Personne n’est comme moi. » Il peut se nourrir d’humilité –
« Personne n’est comme moi, je suis la personne la plus humble. »
– Osho

L’orgueil est le piège de la maîtrise dit-on. Croire savoir, croire comprendre et avoir intégrer: qu’est-ce à dire? Se taire? Peut-être, tout au moins, être et faire en relation avec soi et autrui. Si nous pouvons considérer que nous sommes une « poussière d’étoile », alors ne faille-t-il pas envisager les milliards d’étoiles tout autour. Communiquer pour manifester un lien rassembleur d’une telle cosmologie. Dans la matière pour une seule forme d’expérience parmi d’autres, toutefois tout aussi valide. Vivre dans toutes les manifestations possibles, une à la fois, et toutes à la fois. Une rose et son parfum, tout comme un pissenlit et sa couleur. Et puis le bruit de tout par le chant du battement de son cœur pour apprécier la symphonie universelle du grand cœur infinie qui réunit. Vive le livre de l’histoire sans fin.
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