
Nous, humain(e)s, aimons définir, classer, juger, ordonner, trier, normer, nommer, numéroter, cataloguer et j’en passe. On aime faire du sens des choses de la vie, la formater pour qu’elle rentre dans les boîtes conceptuelles de notre petit mental. On aime encadrer la vie dans notre ptite tête. Et le seul équilibre qui existe n’est qu’un constant déséquilibre en perpétuel mouvement.
Et quand il n’y a aucun sens apparent, on en force un, on en impose un sur le grand chaos organique de la vie. On aime penser savoir ce qu’est la vie alors qu’elle est au-delà de tout un grand mystère. On le fait avec les choses, avec les événements, avec les gens.
On se fait une idée de ce qui est, ou pire de ce qui devrait être ou ce que l’on voudrait qui soit, on fixe cette idée dans le temps et dans l’espace, et il devient ensuite très difficile de la modifier, de lui permettre d’évoluer, de changer. elle se fige dans notre tête, comme dans notre corps.
Pourtant, bien d’accord avec ces mots de Neil Degrasse Tyson pour qui l’univers n’est aucunement tenu de faire sens pour nous.

L’univers a sa propre trajectoire, sa propre logique qui semble très wild. Quiconque s’intéresse à l’astronomie sait combien peu nous savons, et qu’on ne fait qu’effleurer le mystère du Grandiose.
On peut bien essayer de lui en imposer un, sens unique ou binaire, ou quelques-uns, ou plusieurs, ce qui revient au même si on n’inclut pas la totalité de tous les sens possibles, la vie en fera toujours à sa tête de toute façon.
La vie ne fait pas sens, elle a perdu tête depuis longtemps la vie. Ni queue ni tête la vie. Car peut-être que la vie est une histoire de coeur, de sentiments, de trippes, d’intuition, d’humanité. Des particules de conscience qui veulent grandir, s’expandre, croître.
La vie est peut-être aussi question de lumière qui cherche l’ombre. Et vice et versa. La vie est peut-être une folle danse sauvage et désordonnée entre l’ombre et la lumière. La vie s’infiltre dans l’ombre de la lumière, comme la lumière dans l’ombre. Et entre les fentes, les deux se poursuivent et dansent, s’aguichent. Peut-être. Et pour trouver un certain sens à la vie, il faut oser plonger au coeur de l’ombre, au coeur des ombres. Tout d’abord les nôtres.
Et de l’ombre, le monde extérieur comme celui de l’intérieur, nous en offre à profusion. Pas toujours facile de trouver le courage d’y plonger notre regard les yeux et le coeur grand ouverts. L’âme à vif. D’avoir l’audace de confronter le ptit bout de conscience que nous avons dans le fin fond du phare de notre âme pour tenter de voir ce qui anime le monde en soi et autour.
Observer, sans juger à première vue, sans tenter de fermer nos mains sur le grand mystère, de le réduire à nos plus simples impressions ni de mettre en bouteille l’élixir de l’insaisissable miracle de la vie.
La vie avec ses multiples beautés, avec ses drames humains et inhumains, avec ses grands questionnements, au coeur des déchirants bouleversements qui laissent tant d’humain(e)s en suspens.
Un grand voyage dans l’inconnu, dans nos corps d »humains et nos ptites têtes de peanut.
___
Nous sommes sans arrêt confrontés à des séparations. La vie a une main qui plonge dans notre corps, se saisit du cœur et l’enlève. Pas une fois, mais de nombreuses fois. En échange, la vie nous donne de l’or. Seulement, nous payons cet or à un prix fou puisque nous en avons, à chaque fois, le cœur arraché vivant.
Chaque séparation nous donne une vue de plus en plus ample et éblouie de la vie. Les arrachements nous lavent. Tout se passe, dans cette vie, comme s’il nous fallait avaler l’océan. Comme si périodiquement nous étions remis à neuf par ce qui nous rappelle de ne pas nous installer, de ne pas nous habituer.
La vie a deux visages : un émerveillant et un terrible. Quand vous avez vu le visage terrible, le visage émerveillant se tourne vers vous comme un soleil. Il reste d’une personne aimée une matière très subtile, immatérielle qu’on nommait avant, faute de mieux, sa présence.
Une note cristalline, quelque chose qui vous donnait de la joie à penser à cette personne, à la voir venir vers vous. Une note unique dont vous ne retrouverez jamais l’équivalent dans le monde.
Comme la pépite d’or trouvée au fond du tamis, ce qui reste d’une personne est éclatant. Inaltérable désormais. Alors qu’avant votre vue pouvait s’obscurcir pour des tas de raisons, toujours mauvaises (hostilités, rancœurs, etc.), là, vous reconnaissez le plus profond et le meilleur de la personne.
Toutes ces choses impondérables qui rôdent dans l’éclat d’un regard, passent par un rire, par des gestes, qui faisaient que la personne était unique, reviennent à vous par la pensée.
Mon père, mort il y a maintenant treize ans, n’arrête pas de grandir, de prendre de plus en plus de place dans ma vie. Cette croissance des gens après leur mort est très étrange.
Comme si la vie ne finissait pas, comme si elle était un livre dont aucun lecteur ne pourra jamais dire : « Ça y est, je l’ai lu. »
La vision de mon père change avec le temps, tout comme moi-même je change.
Ceux qui ont disparu mêlent leur visage au nôtre.
Nous sommes étroitement liés, souterrainement, dans une métamorphose incessante.
C’est pourquoi il est impossible de définir aussi bien la vie que la mort. On ne peut que parler d’une sorte de flux qui sans arrêt se transforme, s’assombrit puis s’éclaire de façon toujours surprenante.
La mort a beaucoup de vertus, notamment celle du réveil.
Elle nous ramène à l’essentiel, vers ce à quoi nous tenons vraiment. »
Entretien avec Christian Bobin, extrait du numéro spécial de La Vie : « Vivre le deuil »
Texte transmis par Christine Crabbe
___
Vivre de manière éthique, c’est tout simplement vivre en ne pensant pas qu’à soi-même, mais en tenant compte du fait que nos actions ont des conséquences sur les autres. C’est la règle d’or : se demander comment ce serait si on était à la place de l’autre.
Chacun(e) doit réaliser qu’il n’est pas qu’un être humain parmi tant d’autres et que ma souffrance n’est en aucune manière plus importante que celle d’un autre, que ce soit un homme ou un animal.
– Peter Singer via Sol Ange
___
L’humilité ne consiste pas à se considérer comme inférieurs aux autres, mais de se débarrasser de la présomption de sa propre importance.
C’est un état de simplicité naturelle en harmonie avec votre vraie nature qui vous permet de profiter de la fraîcheur du moment présent.
L’humilité est une manière d’être, non de paraître.
– Mathieu Ricard
