
Évidemment, nous sommes toujours seul(e) quand on médite. En quelque sorte. En fait, on essaie d’être le plus présent possible avec toutes les parties de soi-même, pour ne pas se sentir seul(e), ou déconnecté(e) de l’entièreté du monde dans lequel on vit. On pourrait même dire les mondes. Le but est éventuellement d’en arriver à se sentir en lien avec tout ce qui vit, avec l’ensemble de la création. Une simple maille dans la grande courte-pointe humaine.
Peut-être êtes-vous assez discipliné(e) pour prendre le temps et l’espace suffisants pour méditer par vous-même. Si c’est le cas, heureux pour vous. Mais moi, personnellement, la présence d’un groupe et d’un horaire régulier m’aide à maintenir ma pratique. Car la méditation est une pratique régulière. J’ai beau médité plutôt régulièrement depuis le début des années 1980, souvent lorsque seul et sans horaire, je space out au lieu de spacer in.
C’est justement pour cela que j’ai mis sur pied un groupe de méditation il y a quelques années. En ligne. À distance. Mais connecté(e)s par le coeur. Dans le silence de nos coeurs.
Ainsi, depuis presque 3 ans, j’ai le privilège de m’assoir en agréable compagnie pour ne rien faire en bonne compagnie. Jusqu’à 5 fois par semaine, entre 3 et 15 d’entre nous à la fois, on fait silence ensemble. On s’assoit, chacun dans nos homes respectifs, dans la foi, connecté avec pas de fil.
On ne communique pas, on communie. Avec nos visages qui apparaissent à l’écran, ou pas, pas un mot n’est échangé. Qu’un Namasté et une brève salutation de la main ou de la tête au début et à la fin de nos rencontres, that’i it that’s all. L’essentiel est transmis. Le reste n’est que silence. Un rien paisible. Un lien full wifi de coeur.
Parfois on ne fait que silence, et d’autres fois le silence est entrecoupé de musique. La musique nous relie. Comme si chacun(e) se vautre dans son propre silence alors que tout le monde écoute la même musique. Parfois on s’assoit ensemble pour 20-25 minutes, qu’en silence, et parfois pour 40 minutes, alternent musique et silence. Comme si la musique teintait le silence. Certain(e)s gardent leurs écrans ouverts, d’autres se cachent le face, tout bon, car de toute façon on ferme nos yeux, alors pas mal du pareil au même. Mais on garde tous et toutes le coeur, et les oreilles, ouverts.
En cette période de fin d’année, on fait souvent des bilans. Ce qui me reste de plus précieux de ma dernière année, avec mes rencontres en chair et en âme dans le cadre des travaux de notre petite église dans la forêt, sont ces moments de précieux silence avec mes ami(e)s du Club MÉDitation. Ami(e)s du silence nous sommes et devenons de plus en plus.
Comme si, avec les années, je réalise que ce que je cherche ne peut se trouver que dans le silence. Ce même silence qui sous-tend nos hymnes lorsque l’on chante en choeur, comme le silence pur, celui d’entre les mots. Faire silence pour simplement arrêter, ce silence qui prend une place de plus en plus significative ponctuant le quotidien, qui le rythme et le guide.
D’ailleurs ces mots de notre beloved que je fais miens :
Je veux que mes sannyasins se souviennent de laisser la méditation être leur histoire d’amour.
Sans y penser, ni philosopher. Plongez !
Tout comme on tombe amoureux, tombez dans la méditation.
Ensuite, tous les mystères sont à votre portée.
Perdus dans vos pensées, vous en êtes à des milliers de kilomètres.
Sans pensées, Euréka !
– Osho

En ce temps de l’entre-deux, ce temps hors du temps, entre Noël, déjà passé, en plein coeur de ce temps hors temps, avec le grand tournant du carré aux dates à venir dans quelques jours, on flotte hors du temps. En ce temps qui n’existe pas, ce temps que l’on crée et auquel on croit, qu’on voit seulement nous passer sur le corps. Ce temps dans lequel on se perd et sur lequel on compte, certain(e)s font du temps, font leur temps, en attendant de reprendre un rythme plus effréné.
Cette année, en ce temps qu’on dit des fêtes, il me semble que l’ambiance n’est pas à la fête justement, ni aux grandes réjouissances. Car comment célébrer quand une bonne part de l’humanité est sous les bombes ou sur les routes, comment se régaler et se bourrer la fraise quand tant manquent de tout. Les guerres qui pullulent un peu partout, et que nous observons à distance et en sécurité, sur un fond d’impuissance et d’incrédulité, assombrissent ce temps de réjouissances.
Personnellement, j’essaie d’inclure tous ceux et celles qui souffrent dans mes prières et méditations. De les porter dans la flamme qui brûle au coeur de mon coeur, et de purifier mes comme leurs souffrances, comme mon impuissance et mon désarroi devant tant d’absurdité et de cruauté. Que les deux s’emmêlent en moi et que l’on s’y rejoigne tous et toutes. Au coeur du monde.
La paix ne peut se faire ailleurs que dans notre propre coeur dans un premier temps. Et pour la cultiver, il me semble essentiel de prendre le temps d’arrêter et de faire silence, le temps d’y plonger. Éventuellement, quand la petite flamme y jaillit et prend de la vigueur, elle peut s’étendre et s’épandre.

Peace and love comme disaient les hippies…
et keep the flame alive comme disait Paule Lebrun…
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Le silence est la plus haute forme de la pensée, et c’est en développant en nous cette attention muette au jour, que nous trouverons notre place dans l’absolu qui nous entoure.
~ Christian Bobin
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Méditation d´Atisha (982-1054) – traduit des directives offertes par Osho
Cette technique aide à ouvrir et ré-ouvrir le coeur et à ressentir la paix intérieure.
La douleur est naturelle, il faut la comprendre et elle doit être acceptée. Naturellement nous avons peur de la douleur, naturellement nous l´’évitons, de ce fait de nombreuses personnes évitent le coeur et se réfugient dans la tête.
Le coeur provoque de la douleur, c´est vrai, mais seulement parce qu´il procure aussi du plaisir; c´’est pour cela qu’´il donne de la douleur. La douleur est le chemin qui mène au plaisir; l´’angoisse, la porte par laquelle entre l´’extase.
Si l’on est conscient de cela, l´on accepte la douleur comme une bénédiction et soudainement la nature de la douleur commence à se transformer.
Vous n´’êtes plus en opposition avec elle et parce que vous n´’êtes plus en opposition avec elle, ce n´’est plus une douleur, elle devient une amie.
C’est un feu qui peut vous purifier, une transmutation, un processus par lequel l´’ancien disparaîtra et le nouveau émergera, un processus par lequel le mental disparaîtra et le coeur se mettra à fonctionner dans sa totalité. Alors, la vie devient une bénédiction.
Lorsque vous inspirez – écoutez attentivement, c´’est une des méthodes les plus extraordinaires – lorsque vous inspirez, pensez que vous inspirez tous les malheurs de l’humanité, toute l’obscurité, toute la négativité, tout l’enfer qui existe en ce monde, inspirez-les et laissez-les être absorbés dans votre coeur.
Vous avez peut-être lu ou entendu parler des soi-disant « penseurs positifs » en Occident. Ils disent exactement le contraire mais ils ne savent pas ce qu’ils font. «Lorsque vous expirez» disent-ils « rejetez tout votre malheur et votre négativité et lorsque vous inspirez, absorbez la joie, la positivité, le bonheur, la gaieté ».
La méthode d’Atisha se situe à l’exact opposé ; lorsque vous inspirez, inspirez tout le malheur et la souffrance de toute l´’humanité, passée, présente et future. Lorsque vous expirez, expirez toute la joie que vous êtes et ressentez ; lorsque vous expirez, expirez tout le bonheur que vous êtes, toute la bénédiction qui vous emplit.
Expirez, déversez-vous dans l’existence.
C’est la méthode de la compassion ; buvez toute la souffrance et répandez la bénédiction.
Et si vous le faites, vous serez surpris ; au moment où vous absorbez en vous les souffrances du monde, elles ne sont plus souffrances.
Le coeur transforme immédiatement l’énergie. Le coeur contient une force transformatrice, absorbez le malheur et il se transforme en félicité, et déversez-le alors autour de vous.
Lorsque vous aurez expérimenté que votre coeur est capable de cette magie, de ce miracle, vous souhaiterez l’expérimenter encore et encore. Essayez, c’est une méthode des plus pratique, simple et elle donne des résultats immédiats.
Pratiquez-la aujourd´’hui et constatez. Essayez cette méthode de la compassion: absorbez tout le malheur, transformez-le et déversez toute votre joie dans le monde.

