LE FEU DU MONDE

Les enfants sont tous les nôtres, chacun et chacune d’entre eux et elles, partout sur la terre; et je commence à penser que quiconque est incapable de reconnaître ce fait est incapable de sens moral. – James Baldwin

Je ne suis pas en paix ces temps-ci. Aux dires de certains, on ne devrait jamais laisser les événements extérieurs nous déranger, nous déstabiliser. En principe, dans l’absolu, j’approuve et je seconde.

Mais le seul fait de savoir – et penser, et imaginer – que chaque jour, depuis le 7 octobre dernier mais depuis bien plus longtemps avant cela aussi, des milliers d’enfants – comme des gens âgés et tant d’innocents – sont massacrés me rend très inconfortable. Inconfortable, mal à l’aise, perturbé, de bien faibles mots pour illustrer ce malaise existentiel.

Tout d’abord, ce fut le massacre horrible du Hamas perpétré contre des Israéliens, dont de nombreux jeunes, enfants et familles, et depuis il tombe des salves de bombes sur le peuple de Gaza. Sous nos yeux presque, via les caméras. Même des enfants prématurés sont visés, l’ultime inhumanité à mes yeux. Les attaques israéliennes sur des innocent(e)s sont aussi affreuses que le fait que le Hamas se cache parmi la population civile et l’utilise comme écran.

Bien sûr qu’il y a un contexte spécifique que nous ne saisissons pas complètement. Bien sûr que la situation est complexe et qu’elle dure depuis des années, dizaines, centaines, milliers même. Bien sûr que chacun peut justifier ses actions. et malheureusement, d’autres humains seront encore persécutés et assassinés.

Et bien sûr aussi que nous ne sommes pas sur place. Une chance, un privilège de vivre en paix, ici. Nous ne sommes que des témoins passifs de ce grand massacre à ciel ouvert. Mais le même ciel. Tandis que de nombreuses autres scènes d’horreur prennent place sur terre sans qu’on nous les rapporte, ni qu’on veuille les voir. Malgré que nous sommes ici en sécurité, nous ressentons tout de même une grande dose d’impuissance.

On dirait bien que le monde brûle en ce moment, le monde est en feu. Sur plusieurs plans.

Quelle folie nous, humains, créons sur terre. Quel chaos. Tout ce que nous pouvons faire, en tant qu’observateurs/trices, est de constater cette folie et tenter de la concevoir dans sa globalité sans la nier, sans la juger, sans l’intellectualiser. Plutôt la sentir, la ressentir, la laisser nous atteindre au coeur, et la laisser passer en nous, à-travers nous. C’est la grâce dont nous jouissons. S’y relier, à distance et avec empathie pour ceux et celles qui la subissent, sans la laisser nous détruire.

Et parallèlement à toute cette horreur et cette immoralité, on ne doit pas oublier qu’il se passe quotidiennement d’autre part de nombreux gestes de bonté, d’humanité, de bravoure. Que le monde recèle aussi tant de beauté. Beauté qui rend la laideur encore plus affreuse et pénible car on voit ce que le monde pourrait être, devrait être. Mais n’est pas. Pas encore.

Devant nous se dresse le monde dans toutes ses nuances dans toute sa cruauté comme dans toute sa bonté. Et devant ce monde qui brûle – peut-être brûle-t-il pour se purifier ? on ne peut que laisser brûler notre petite flamme en notre coeur. Et respirer en ce petit bout du monde en nous toute la souffrance du plus grand monde, du plus grand nombre, et la laisser se consumer, tout en expirant l’amour, la foi et la compassion.

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Le feu de l’esprit – lui donner une matière à brûler

Le bois que l’on utilise pour faire du feu est appelé du bois mort. Ces branches ternes, noires, tordues, le feu les transforme en lumière, en chaleur, en énergie. 

Vous direz : « Nous savons cela, mais en quoi ces branches nous concernent-elles ? » 

Elles vous concernent parce que, symboliquement, elles existent aussi en vous. 

En vous aussi, vous avez accumulé du bois mort qui n’attend que d’être brûlé.

Toutes les tendances égoïstes, passionnelles, toutes les manifestations de votre nature inférieure sont comme du bois mort. 

Faites-les brûler au feu de l’esprit, au feu de l’amour divin, et elles aussi produiront lumière, chaleur et vie.

Le feu nous enseigne qu’il y a partout une matière à brûler.

Regardez encore : dans les églises on allume des bougies et des cierges. 

S’ils servaient seulement à l’éclairage, depuis la découverte de l’électricité ils n’auraient plus d’utilité. 

Mais puisqu’un tel rite a été conservé, il est bon d’en approfondir le sens : à l’image de cette cire qui se consume pour entretenir la flamme, nous aussi nous devons brûler une matière en nous afin d’entretenir notre lumière intérieure.

– Omraam Mikhaël Aïvanhov

Une réflexion au sujet de « LE FEU DU MONDE »

  1. Avatar de Louis BertrandLouis Bertrand

    Quelles sont ces images de moi, ces nouvelles de moi, que je cherche à vite transposer à l’extérieur de moi lorsque je me pose en témoin? Coupable ou agent de transformation? Me dire que c’est trop complexe, que c’est loin? La vie vient répondre. Des pompiers qui retardent ma route hier pour la gignolée. Des sans abris qui me sollicitent. Des femmes et des enfants ici qui crient à l’aide. Des hommes qui se cherchent. Des politiques et des politiciens qui me lèvent le coeur…Des hôpitaux qui débordent. Des enseignants et des soignants dépassés. Des co-citoyens de toutes les origines qui en bavent ici, et qui se disputent à propos des guerres actuelle…Des bombes sur mon coeur. Comme toutes les injustices pas si lointaines. Une trop longues listes.
    Bien sûr il n’y est aucune compétition des horreurs. Toutefois, arrivons-nous à régler les plus petits conflits? Ceux avec nous-même et ceux avec nos proches? Évitons la culpabilisation et posons l’énergie présente à tous les apaisements possibles. Fracassons le miroir de l’impuissance.

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