LE TEMPS QUI PASSE, ET NOUS AVEC LUI

Ces temps-ci, je mesure le temps qui passe. Surtout celui qui a passé. Quant à celui à venir, personne n’en sait rien. Alors que maintenant. Et un tout ptit peu d’avent dans le calendrier.

C’est par et dans le corps que le temps se mesure. Notre corps est l’échelle du temps qui a passé. Et je constate que plusieurs de mes ami(e)s font ce même constat autour de moi. Certain(e)s ami(e)s sont dans la cinquantaine, d’autres comme moi dans la soixantaine, certain(e)s ont le corps dans les septantes, ou s’en approchent, d’autres flirtent même avec les octantes.

Peu importe notre âge, nous sommes toujours plus vieux qu’on a jamais été auparavant. Et peu importe notre âge actuel, nous sommes toujours plus vieux que certain(e)s, et plus jeunes que d’autres. Ainsi va la vie, avec nous dedans. Le temps nous passe dessus et dedans. Bien relatif tout ça. Même si on dit souvent que l’âge ne compte pas, ce qui est tout à fait vrai, c’est plus nous qui le comptons, le corps nous rappelle parfois que c’est aussi un peu relatif que le temps ne compte pas. Surtout quand il coopère moins qu’avant, ou différemment. Plus lentement. Quand le corps flétrit, l’âme doit s’éveiller, s’élever, se vivifier.

Mais il y a certains de ces moments où l’on réalise plus concrètement que notre corps vieillit, que plus d’eau a passé sous le pont qu’il en reste à venir. D’ailleurs plusieurs ponts et digues en sont de bons exemples ces jours-ci.

Et cela, loin d’être triste ou déprimant, constitue une stimulante réalisation. Ça nous inspire à vivre tout ce temps qui reste (même si on dit qu’il n’existe pas) avec toute l’énergie qu’il nous reste, toute notre totalité, et squeezer tous le jus qu’il nous reste dans la clémentine, le pamplemousse, l’orange ou le citron, c’est selon les jours, et la forme.

En vieillissant, on apprend à mieux gérer son énergie. Mon plus récent pelletage de toits vient de m’en donner une claire démonstration. Avec l’âge qui roule, rien ne change tout à fait, mais on doit diminuer ses attentes, faire des pauses et étirer la charge de travail. Ce que l’on perd en vitalité on le récupère en sagesse.

L’autre jour, je suis tombé sur la photo ci-haut et le temps m’a rentré dans le dash tout d’un coup sans que je m’en rende compte. Loin d’être nostalgique de ces jeunes et fofolles années, je réalise que l’on s’enrichit de la somme de nos expériences. Qu’on doit aussi laisser aller car sinon on traîne trop lourd. Et que peu importe le temps qu’il nous reste devant, le fait qu’il en reste moins que derrière ne fait qu’épicer le moment présent. Le passé donne une valeur ajoutée au moment présent comme pourraient dire les économistes, et le rend d’autant plus précieux car on sait l’apprécier davantage.

Ci-bas, un texte qui a résonné dans mon coeur ce matin.

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Dans le dernier quart de la vie

Plusieurs d’entre nous sommes dans le dernier quart de notre vie et je partage ces mots sans parti pris politique, religieux, ni de nationalité. Que de douces pensées :

Vous savez, le temps a tendance à vous surprendre quant à la vitesse à laquelle il passe. J’ai l’impression que c’était hier que j’étais jeune et prêt à commencer la vie d’adulte. Et d’une certaine manière, j’ai l’impression qu’il y a de cela une éternité, et je me demande où sont passées les années. Je sais que je les ai tous vécues. Je me souviens de tous mes espoirs et mes rêves. Je me souviens des projets que j’avais faits. Et du coup, me voilà au dernier trimestre.

Comment suis-je arrivé ici si vite ?
Où sont passées les années et où est passée ma jeunesse ?

Je me souviens avoir regardé des personnes âgées en pensant combien de temps il me faudrait pour arriver là où elles sont. Que je suis encore dans ma jeunesse, que j’ai de nombreuses années devant moi. À cette époque, je ne pouvais même pas imaginer être là où je suis aujourd’hui. Et pourtant, me voilà.

Plusieurs de mes amis sont à la retraite, certains ont les cheveux gris, ils bougent plus lentement qu’avant et quand je les regarde, je vois des personnes plus âgées. Certains sont dans un meilleur état et d’autres dans un pire état que moi. Mais je vois une évidente différence. Ce ne sont plus des amis jeunes, insouciants et pleins de vie.
Tout comme moi, l’âge se voit. Et nous sommes maintenant les personnes âgées que nous regardions et nous pensions que c’était encore loin de nous.

Je trouve que ces jours-ci, prendre une douche a des conséquences néfastes sur ma respiration et mon niveau d’énergie. Et une sieste l’après-midi n’est pas seulement un régal, c’est devenu une nécessité. Et si je ne le fais pas, je me retrouve à dormir sur la même chaise sur laquelle j’ai commencé à lire ou à regarder la télévision.

Maintenant, je suis entré dans cette nouvelle saison de ma vie, totalement non préparé à l’inconfort, aux douleurs, à la perte d’énergie, de force et de capacité à faire ce que je pouvais jadis, mais parfois je ne l’ai pas fait. Au moins, je sais que, même si je suis dans le dernier trimestre et que je n’ai aucune idée de la durée de ce trimestre, lorsque mon séjour sur terre sera terminé, une nouvelle aventure m’attendra aussi (plausiblement).

Oui, j’ai fait certaines choses que j’aurais aimé ne jamais faire. Pourtant, je suis tellement reconnaissant pour ce que j’ai fait. Tout cela se déroule dans une seule vie.
Et si vous n’en êtes pas encore au dernier trimestre, je tiens à vous rappeler que ça arrive plus vite que vous ne pouvez l’anticiper. Faites les choses que vous souhaitez encore faire le plus tôt possible. Ne procrastinez pas. La vie passe si vite. Faites aujourd’hui ce que vous pouvez.

Il n’y a aucune certitude pour la suite des choses. Vivez pour aujourd’hui. Pour l’instant.

Dites les mots à ceux et celles que vous aimez. Souvent. J’espère que certains apprécieront ce que vous avez fait pour eux. Et s’ils ne le font pas, ce n’est pas grave non plus. La vie est vraiment un cadeau. Soyez simplement heureux. C’est littéralement votre choix.

Et n’oubliez pas que la santé est un privilège, et non un droit, pas l’or ou l’argent, une propriété ou un solde bancaire. Vous pensez peut-être que sortir est ce qu’il y a de mieux, croyez-moi, rentrer à la maison est mieux. Vous pouvez oublier des noms et ce n’est pas grave, car certains ont déjà oublié qu’ils vous connaissent. Les choses qui vous tenaient à cœur auparavant risquent de vous désintéresser. Si vous vous endormez dans votre chaise préférée, restez-y.

Vieillir est merveilleux. C’est confortable. C’est une étape chargée de souvenirs dont on ne se lasse jamais. C’est un trésor absolu.

Prends soin de toi.

Et le moment que nous attendions est enfin arrivé, il m’a fallu pas mal d’heures pour trouver les mots justes.

– Sébastien Mateo

4 réflexions au sujet de « LE TEMPS QUI PASSE, ET NOUS AVEC LUI »

  1. Avatar de RaviRavi

    Ce sont les deuils qui font que j’accepte mon âge. Toutes les formes de deuils… il y a une certaine sagesse qui s’impose… il y a aussi le regard sur le passé, sur ce qui se passe actuellement, et sur une forme d’anticipation sur ce qui vient à la lueur des évènements qui me font douter que j’ai la capacité énergétique de le vivre, de remonter le courant comme les saumons. Cela m’amène à me regarder dans le moment présent, et à l’accepter. C’est accepter que le grand passage est ma réalité, que j’ai à jouir de chaque moment, à être fidèle à moi aujourd’hui.

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  2. Avatar de Louis BertrandLouis Bertrand

    Ce n’est pas seulement que je regarde mon corps, mon visage dans le miroir, je vis dans et avec mon corps. Je ressens bien que mes énergies vitales exigent maintenant plus d’attention. Vieillir, c’est un peu reprendre le temps perdu d’avoir négliger ce que jeunesse a pris pour acquis. Un équilibre s’installe de plus en plus dans une sainte trinité : corps, esprit et âme simultanément. Plus jeune, je ne manquait de connaissances et d’intégration. La conviction de tout le temps devant laissait toute la place aux découvertes, et le corps fort allait soutenir. Maintenant, plus riche d’expériences, et plus intensément dans l’intégration, et plus conscient que dans l’équation, mon corps est participatif à part entière.
    La juste arrivée de la balance dans la globalité. Vieillir est un privilège.

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