J’ÉCRIS PARCE QU’IL TOMBE DES BOMBES

J’écris parce que le monde est gris en ce moment…

J’écris parce que notre monde est inquiétant, et menaçant pour tant de gens…

J’écris parce qu’il tombe des bombes…

J’écris pour les enfants…

J’écris pour me relier… me délier, la langue et les doigts…

J’écris pour prier…

pour me dire…

pour me relire…

pour me décrire…

J’écris pour défier l’injustice…

J’écris plutôt que crier…

J’écris…

La plupart des matins, aux aurores, la première chose que je fais, j’écris. Souvent avec au coeur et en tête nos frères et soeurs dans le besoin, ceux et celles pris au milieu des crises humanitaires, ceux et celles pris/onniers au milieu des bombes qui tombent autour et sur eux et elles.

J’écris ma colère devant l’injustice, devant notre inhumanité comme notre humanité.

J’écris pour me vider la tête, pour aller puiser dans mon coeur, pour découvrir ce qui vit en moi et ce qui veut sortir de moi – extase littéraire – aujourd’hui. Comme les yogis utilisent leur corps, moi j’utilise mes doigts et mes mots pour demeurer flexible en esprit. En fait, pas mes mots, car comme pour la terre, rien ne nous appartient. Des mots. Nos mots. Car nous ne sommes propriétaires de rien, rien du tout ne nous appartient, nous ne sommes que des locataires, des preneurs de soin. Alors prenons soin.

J’écris, me relis et je lance ma bouteille à la mer des ondes. Enter. Boum dans le wifi.

Parfois ma petite boule flotte seule, esseulée, ignorée. Parfois, elle rejoint certain(e)s d’entre vous, et en touche d’autres. J’écris surtout pour moi, mais j’écris aussi un peu pour toi, et beaucoup pour vous qui ne me lirez jamais. Vive la beauté des gestes invisibles et inconnus.

J’écris sans but, sans but autre que de délivrer le silence de mon coeur, pour me relier à vous, à tout, à tous, à toutes. Relier dans comme religion, religare en latin. Viser la reliance. Pour toucher le silence en vous aussi chacun(e) chez-vous, en vous. Ce même petit et grand moi qui est en nous tous et toutes. Ce Je commun, ce nous.

J’ai le projet d’écrire mon histoire de vie juste ici, toujours en veilleuse. Cet hiver peut-être quand la neige recouvrira la vie par ici. Pas parce que mon histoire est si originale, mais surtout pour présenter les quelques êtres extraordinaires qui ont croisé la route de ma vie extra ordinaire. Et pour que mes grandes filles désormais sachent qui est leur père, dans le mou de mon coeur, qui est ce ptit gars ben ordinaire au coeur de moi. Car de là qu’elles orginent, d’ici qu’elles puisent racine. Écrire son héritage, petit bundle de vie.

Même s’ils ne peuvent transmettre exactement ni avec une parfaite précision l’essence de qui nous sommes, de ce que nous sommes sommes, les mots sont encore ce que nous avons de plus personnels pour se dire. L’agencement de ces mots en fait, pas ceux de la langue de bois, ceux que l’on doit sculpter avec patience et soin pour tenter d’exprimer le silence universel qui vit en chacun(e) de nous.

Car nous sommes le chef de l’oeuvre que l’on a nous a invité de créer à la naissance et qui vit dans chaque silence au coeur de soi.

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Paroles d’un homme extra ordinaire
(pas que je me considère guérisseur, je me suis guéri de cela jadis)

Je ne suis pas un «wino», mais je ne suis pas un saint non plus.
Un guérisseur ne devrait pas être un saint.
Il doit expérimenter et ressentir tous les hauts et les bas, le désespoir et la joie, la magie et la réalité, le courage et la peur.
Il devrait être capable de sombrer aussi bas qu’un insecte ou de s’élever aussi haut qu’un aigle.
À moins qu’il puisse expérimenter les deux, il n’est pas bon en tant que guérisseur.
Vous ne pouvez pas être si coincé, si inhumain au point de vouloir être pur, votre âme enveloppée dans un sac en plastique, tout le temps.
Vous devez être Dieu et le diable, les deux.
Être un bon guérisseur, c’est être au milieu de la tourmente, sans s’en protéger.
Cela signifie vivre la vie dans toutes ses phases.
Cela signifie ne pas avoir peur de découper et de faire le fou de temps en temps.
C’est sacré aussi.

– John Fire Lame Deer (medicine man Lakota)

Une réflexion au sujet de « J’ÉCRIS PARCE QU’IL TOMBE DES BOMBES »

  1. Avatar de Louis BertrandLouis Bertrand

    L’écriture est une mise en lumière d’une extension relationnelle, une permission de laisser visiter, un souffle de soi autrement qui rassemble en un bouquet notre histoire à offrir. D’abord à soi. Et puis, elle continue, possiblement dans la vie d’une autre personne, par ce que peut être, elle aura nourrit un germe en elle.
    Merci d’écrire Ati.

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