

Hier, sur les fils de nouvelles, on a appris que le Maroc a subi un grave tremblement de terre. Plus de 2 000 morts à l’heure actuelle, et le compte monte toujours. Je pense aux morts, mais aussi aux vivant(e)s, aux survivant(e)s. Aux gens qui restent. Dans la rue, dans le drame, dans le deuil.
Puis ce matin, sur FB, je vois la photo d’une personne que j’ai croisée au Brésil et avec qui je m’étais liée d’amitié depuis quelques années, Ailton, une personne douce et délicate, sympathique, avec qui je pratiquais mon portugais et devenais amis, plus jeune que moi, qui est décédé récemment. Et je pense à sa douce. Et à sa peine.
En voulant aller voir quelques images du Maroc sur le site de Radio-Canada, je reçois en pleine face des publicités d’assurance-vie. La vie, la mort. Et le bref espace entre les deux.
Et la futilité de tout ceci.
Un jour on vit, et le lendemain on croule et disparait sous les décombres.
Un jour on aime, et le lendemain on pleure son amour.
Nous sommes bien peu de choses devant le grand mystère. En fait, nous sommes presque rien. Un presque rien qui cherche, qui se cherche. Une présence qui se pense parfois séparée du grand Tout.
Nous vivons en ce monde qu’on nomme parfois un monde d’illusions. Mais les chagrins me semblent réels, notre impuissance aussi. Comme notre incompréhension de tout ce qui se passe dans le vaste monde, incompréhension encore plus grande face à l’infinitude.
On ne peut que rester humble devant le mystère. On ne peut que demeurer ouvert devant les sentiments du monde, les gens, comme toute l’immense scène ouverte.
La vie côtoie la mort, elle l’inclut même. Et parfois, la mort nous frôle. Elle le fait parfois annoncée aux nouvelles par milliers, sans cause humaine, sans personne à blâmer. Ou elle nous touche et nous ébranle parfois par la disparition de gens que l’on a connu et qui nous ont quitté, à tout jamais.
La mort nous rappelle que la vie est fragile, qu’elle nous est prêtée, qu’on nous la confie pour un certain temps, et ensuite, goodbye !
Alors prenons-en bien soin, soignons-la, dorlotons-la. Et cela ne peut passer que par nos proches, par la nature qui nous entoure. Mais aussi et premièrement, par soi-même.
Soyons doux et douces avec toutes les formes de vie.
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La joie des choses infimes ne te vient que lorsque tu as accepté la mort.
Mais lorsque tu regardes avec avidité vers tout ce que tu pourrais encore vivre, alors rien n’est assez grand pour ton plaisir, et les choses infimes qui ne cessent de t’entourer ne sont plus sources de joie pour toi.
Voilà pourquoi j’observe la mort, car elle m’apprend à vivre.
C.G. Jung, Le Livre rouge
